Pour notre plus grand plaisir, Jean pierre Dionnet à créé son blog, depuis une petite année maintenant. L’ange du Bizarre (titre d’une des Histoires grotesques et sérieuses d’Edgar A. Poe) porte bien son nom, tant Dionnet demeure cet inconditionnel chroniqueur et découvreur d’oeuvres, d’artistes décalés et déviants, nous éclairant de sa plume avertie et sans chichis sur la part obscure, merveilleuse et inconnue de l’art.
J’y lis, en début de semaine, un article très intéressant sur la « synchronicité » (concept exploité entre autres par Carl Jung ) qu’on pourrait définir comme étant la manifestation « simultanée d’au moins deux événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l’association prend un sens pour la personne qui les perçoit »(Wikipedia). Puis, deux articles plus loin, un autre sur Jack Kirby, à l’occasion de la sortie de « The Collected Jack Kirby Collector Vol.7», dans lequel j’apprends (je ne suis pas d’une culture comics) qu’il n’était pas qu’un génial dessinateur œuvrant avec Stan Lee, mais un artiste complet et un scénariste plutôt prolifique.
Deux jours plus tard, je vais chez mon libraire habituel et tombe sur ce comic de Kirby, égaré parmi les albums franco-belges. Kamandi – le dernier garçon de la terre, dont il signe scénario et dessins. Hasard ou synchronicité ? En tout cas la coïncidence est amusante.
Pour le coup, je laisse la parole à Dionnet :
« [...] Il est dans la bande dessinée un artiste qui ne peut être comparé à personne dans aucun domaine, car il a tenu compte de l’époque où il est né, et visionnaire au XXème siècle comme tant d’autres au XIXème, il a inclus la machine et la seconde guerre mondiale qu’il a vécue. Il avait assez de connaissances du passé et de toutes les mythologies, et de l’avenir, la science fiction était déjà née, et assez d’expériences dans le réel (il était un peu le sosie de James Cagney, né dans un quartier pauvre et devant faire le coup de poing pour survivre à ses débuts).
Il a été souvent copié en bande dessinée mais aussi au cinéma, et même, avec une certaine révérence, par certains peintres comme Erro et par nombre de mangakas japonais, le manga étant pour moi un art très différent de la bande dessinée.
Cet homme s’appelait Jack Kirby. Il a fait des tas de choses. Il a créé des super héros, non pas le premier, mais on pourrait presque dire le deuxième avec « Captain America », qui était aussi un symbole de l’Amérique et qui, ne l’oublions pas, s’il luttait contre les nazis, le faisait alors que l’Amérique n’était pas encore en guerre. Il était juif et cela lui semblait urgent.
Il a créé à lui tout seul nombre de genres, depuis les Romance Comics en passant par les comics psychanalytiques. Il a fait aussi des multitudes de héros, certains qui sont connus de tous comme les « Fantastic Four » ou « Thor », mais aussi d’autres, parce qu’il ne pouvait pas tout faire et parce qu’il était chez Marvel avec Stan Lee, qui furent dessinés par d’autres comme « Spiderman », qui finit entre les mains de Steve Ditko qui d’ailleurs y a fait des merveilles.
Et jusqu’à la fin de sa vie, il a produit énormément, sans cesse, faisant à côté des projets d’animation ou de longs métrages qui n’aboutissaient jamais, dessinant inlassablement.
[...] Il était vraiment médium avec ses lignes de force qui n’appartenaient qu’à lui, son dessin antiacadémique au possible, qui était plus proche de l’underground en fait, que du comic book. Il y avait de l’abstraction dans ses dessins en même temps qu’une grande suggestion. Et comme quelqu’un, je ne sais plus qui, lui posait la question de comment il faisait pour abattre quatre fascicules par mois, de 22 pages, il répondit, comme si c’était naturel, qu’il dessinait, qu’il dessinait, qu’il écrivait l’histoire en même temps, comme elle venait, et qu’après il jetait les pages en trop.
Son dessin, toujours au crayon, était si formidable, que les encreurs qui passaient après lui n’arrivaient pas à faire tous les détails. Et puis un jour il est mort, mais curieusement depuis, on ne parle plus que de lui. »
Comme le titre nous l’indique, Kamandi (au look très « rahan-esque ») est le dernier garçon de la terre. Le seul survivant de l’espèce humaine, pris en chasse par une horde de guerriers gorilles. On retrouve dans cette histoire des grands thèmes de science fiction, entre La planète des singes, Le survivant ou Je suis une légende…
Kamandi croise des gangsters au look années 30, qui l’emmènent dans la ville de Chicago. Un Chicago qui bizarrement, a survécu au grand désastre, comme figé dans le temps, et peuplé de drôle de personnages vivant à l’époque de la prohibition, des tripots et des gangs. Kamandi sent bien que tout cela n’est pas normal. Il apprendra que ces personnes sont en fait des robots. Et quand il se dit : « Je me demande s’ils sont bien réels… Ils se comportent comme des acteurs », ça me renvoi au thème principal de Matrix ou Existenz…
Dionnet a raison : « … au travers de Jack Kirby [...] on devine en amont tant de choses qu’on va retrouver plus tard dans le manga, la science fiction et ailleurs. »
http://www.humano.com/blog/l-ange-du-bizarre/year/2009/month/8/1
Voir aussi sur le site Comic Box : http://www.comicbox.com/index.php/articles/oldies-but-goodies-kamandi-v1-60-dec-1978/
qqqqqqqqquuuuuuuuuuuuuoooooooooooooooiiiiiiiiiiiiii!!!!!!!!!!!!!!!!!
du comics sur ce blog!
attention, y a atteinte à l’intégrité éditoriale ou une soudaine ouverture d’esprit! (naon! eh! je taquine!)
kirby, c’est comme le bon vin, on apprécie en vieillissant . attention, faut s y faire tout de même, c’est pas facile de rentrer dedans. une fois qu’on a compris le bonhomme, c’est du bonheur.
Ah ah ! Je savais que ça te ferait réagir ! C’est un juste retour des choses, vu que tu as chroniqué du Franco-belge sur ton blog ! (mais oui, le Spirou d’Emile Bravo !)
Sinon, malgré mon peu de connaissance en la matière, je possède quelques comics depuis de nombreuses années, dont certain de Kirby et Lee d’ailleurs. Et même si d’une manière générale, ce n’est pas ma tasse de thé, je reconnais apprécier le graphisme dingue du sieur Kirby !