Archives pour mars 2010

Siné Hebdo, l’aventure prend fin…

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On n’osait pas y croire, moi le premier, en se disant que Siné en a vu d’autres, qu’il allait trouver une solution, mais non ! Toutes les bonnes choses ont une fin, même une certaine liberté d’expression…

Un extrait de l’édito du numéro 82 qui sort demain :

« Si c’est la fin de « Siné Hebdo », ce n’est pas la fin des haricots ! »

« Les jeux sont faits, les dés sont jetés, rien ne va plus… On ferme ! (…) Si c’est la fin de Siné Hebdo, ce n’est pas la fin des haricots ! (…) À côté des étrangers sans papiers, renvoyés comme des malpropres dans leur pays d’origine, (…), des pauvres hères obligés de roupiller dans des boîtes en carton près des poubelles, des chômeurs longue durée réduits à la mendicité (…), des milliers de paumés en cabane attendant des années pour être jugés… on est des petits vernis, des veinards, presque des privilégiés, nous ne l’oublions jamais (…) »

« Le plus dur a été de prendre la décision, commente Catherine Sinet, rédactrice en chef, la femme de Bob Sinet alias Siné. On a tenu bon tant qu’on a pu, en faisant un journal qu’on aimait et qui nous paraissait digne et drôle. On préfère fermer dignement, comme on a commencé.» La sentence  est tombée jeudi soir. Pour Siné et son équipe, il s’agit de prévenir une faillite qui aurait été inéluctable, et de s’épargner ainsi l’humiliation du bal des redresseurs judiciaires et autres mandataires de justice.

Un S.O.S. lancé par Siné dans les colonnes de l’hebdomadaire le 10 mars dernier a entraîné un afflux de nouveaux abonnements - plus de 300 mais  il en aurait fallu 6.000 – et de multiples dons : 37.000 euros, lesquels vont permettre au journal de tenir encore un mois. Le dernier numéro est prévu pour le 28 avril. Ce numéro, annonce la rédaction,  « fera l’objet d’un enterrement joyeux lors de la manif du 1er mai ou tout l’équipe de « Siné Hebdo » vendra ce collector en fanfare.» (http://bibliobs.nouvelobs.com/20100329/18554/sine-hebdo-cest-fini)

J’aurais fait ce que j’ai pu à mon petit niveau : signer la pétition, en parler régulièrement sur ce blog et bien sur, l’acheter toute les semaines. J’aurais dû m’abonner. C’est ce que doivent se dire beaucoup d’autres lecteurs du journal…

Siné déblogue

30 ans de Fluide Glacial (éditions Audie, 2005)

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Fluide Glacial fête ses 35 ans ce premier avril. Je ne sais pas si l’équipe à l’intention de célébrer cela, ils n’en parlent pas dans le numéro d’avril, sorti en mars – car oui, Fluide est un journal qui sera toujours en avance sur son temps ! Pas de numéro spécial à l’horizon. Cependant, ils nous ont proposé un numéro 400 hors-normes (le mot et faible !) en octobre dernier. Il ne faut pas non plus trop habituer son lectorat à ce genre de spécialité, on y prendrait vite goût…

Pour la peine, je me suis plongé dans ce 30ans de Fluide Glacial, un album best-of hors commerce, offert à l’époque pour l’achat de deux BD du catalogue. On y retrouve tous les tenants de « l’école de Marcel » : les grands anciens (Solé, Binet, Edika, Goossens, Foerster, Hugot…), la classe moyenne (Tronchet, Maëster, Coyote, Ferri, Thiriet, Gaudelette…), les petits nouveaux (qui ont bien grandis d’ailleurs) tels que Larcenet, Relom, Blutch, Mo et Julien CDM… Sans oublier les chers disparus (Alexis, Franquin, Moerell et Lelong). Bref, personne ne manquent à l’appel, pas même les dupondt de la rédaction : Frémion et Léandri.

Format à l’italienne, cet ouvrage comporte 31 chapitres (de 1975 à 2005) reproduisant une couverture par ans (souvent mythique) ainsi que des histoires parues cette année-là. L’occasion de redécouvrir des bandes qui ont fait la gloire de la revue : Pervers Pépère, Paracuellos, Les Bidochons, Absurdus Delirium… Et de se rendre compte que l’univers fluidien est d’une cohérence incroyable, hors du temps.

Un album que je recommande chaudement aux aficionados, mais surtout à ceux qui auraient la médiocre idée de ne pas apprécier, que dis-je, aduler la revue. Qu’ils puissent se rendre compte de leur erreur, sinon qu’ils reconduisent leur abonnement à Rustica

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http://www.fluideglacial.com/

BECK Le Loser magnifique – Julian Palacios (Camion Blanc, 2005)

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Ce qui est passionnant dans cette biographie (version française de Beck, Beautiful Monstruosity sorti en 2000)- au-delà de nous raconter le périple incroyable de Beck qui, venant du milieu underground, a rencontré un succès planétaire dès son premier single, le mythique Loser – c’est que l’auteur ne s’arrête pas uniquement sur son parcours. Julian Palacios n’oublie pas d’aborder la vie de bohème de sa mère Bibbe (qui a été entre autre égérie de Warhol) et surtout celle de son grand père Al Hansen, artiste dadaïste, membre du mouvement Fluxus, qui a eu une énorme influence sur le jeune Beck, lui transmettant une vision et une approche non-académique de l’art.

Une anecdote assez révélatrice : « un jour qu’il farfouillait dans le sous-sol, Al dénicha un cheval en plastique, couvert de poussière, et qui avait appartenu à Beck. A la stupéfaction de ce dernier, Al lui en offrit cinq dollars. Quelques jours plus tard, Beck eu le choc de sa vie en découvrant ce que son grand-père avait fait du jouet de son enfance. Il l’avait décapité, puis recouvert de peinture d’argent et de mégots de cigarettes. Beck se souvient encore de sa réaction : « J’étais horrifié mais également fasciné : alors comme ça, on pouvait en même temps massacrer et ressusciter quelque chose ! ». Tout un programme !

Joueur invétéré de country et de folk (Woody Guthrie, Mississippi John Hurt, Bob Dylan…), fan inconditionnel du mouvement Rap (ce n’est pas anodin s’il collabore avec les Dust Brothers sur Odelay), Beck a vécu une adolescence atypique qui a fortement contribuer à forger son caractère et sa musique hors-normes. Côtoyer des Punks californiens dans les années 1983, qui travaillaient avec sa mère et son grand père et squattaient son jardin, ça marque, forcément…

« C’est la chanson « Loser » qui a fait connaître Beck Hansen du grand public. De piètre qualité technique, ce morceau qui allie blues, hip-hop et musique d’ambiance, est immédiatement devenu l’hymne d’une génération. Considéré, au départ, comme l’homme d’un seul succès, Beck a pourtant surpris tout le monde en devenant l’idole du millénaire à venir. En mélangeant les styles musicaux actuels à ceux du passé, il a créé un son inimitable. Ses albums ont été acclamés par les critiques et les fans du monde entier.
Avec BECK, Le Loser magnifique, on a enfin une biographie sérieuse de l’artiste. L’histoire est complète et si elle va chercher du côté de la mythologie, c’est parce que la vie de Beck est déjà une légende. »
(note de l’éditeur).

Une biographie très enrichissante (bien sur, il faut aimer le monsieur) et j’en profite pour saluer le superbe travail des éditions Camion Blanc (et son alter-égo Camion Noir), qui nous proposent depuis une bonne quinzaine d’années, une collection d’ouvrages sur le Rock sous toutes ses formes et les cultures alternatives (voire déviantes), devenue une référence en la matière.

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http://www.beck.com/

La saga de Den (4 Tomes) – Richard Corben (Comics USA, 1990-92)

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Pour beaucoup, Corben est considéré comme le meilleur dessinateur underground des années 70. Ce qu’il est certainement, dans un genre totalement opposé au maitre Crumb. Si ce dernier nous raconte des histoires autobiographiques ou des chroniques sociales bien encrées dans son époque, au trait semi-réaliste en noir et blanc. Corben lui, est passé maitre dans l’aventure fantastique, l’heroic fantasy et des mondes remplis de personnages bodybuildés, de monstres hideux. Dans un style hyperréaliste et hyper coloré.

La saga de Den raconte l’histoire d’un jeune homme, David Ellis Norman qui, après avoir hérité de plans de son oncle disparu, construit une drôle de machine générant une faille spatio-temporelle, ouvrant la porte d’un autre monde. Il s’y engouffre, perd conscience et se réveille dans un monde parallèle inconnu, barbare et post-apocalyptique, dans lequel il n’est plus ce jeune homme frêle, mais un guerrier surpuissant. Il part alors à la recherche de son oncle et tente de survivre dans cet univers hostile, peuplé de mutants, de bêtes monstrueuses et de plantureuses créatures, tout aussi dangereuses. Dans cette saga, Corben laisse libre court à ses fantasmes et règle surement des comptes avec une adolescence complexée (qui n’a jamais rêver de devenir un autre plus beau, plus fort..?).

Corben a créé un univers graphique unique, percutant, outrancier, non-académique et absolument jubilatoire, mêlant des couleurs hallucinées (et hallucinantes) à un réalisme photographique presqu’exclusivement réalisé à l’aérographe. Ses personnages trop musclées, massifs, lourds, aux silhouettes disproportionnées sont malgré tout très vifs et dynamiques. Corben excelle dans les scènes de combats et de cascades, aux mouvements très expressifs. Certaines planches nous sautent littéralement au visage.

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Diffusé pour la première fois dans les pages de Metal Hurlant, Den est vite devenu une des stars incontournables de la revue. Logique donc qu’il apparaisse dans un des sketches du film (un des meilleurs d’ailleurs), réalisé par Gerry Potterton et l’animateur Jack Stokes. Corben participe activement à la pré-production, en dessinant les personnages principaux, Den et Kath.

J’ai retrouvé dans l’ancienne et excellente revue L’année de la Bande Dessinée (81-82), un superbe article de Bruno Lecigne, qui a su trouver les mots justes pour décrire l’art graphique de Corben : « La force du dessin de Corben tient à ce mélange de ratage, de déformations apparemment malhabiles, et de perfection glacée. Génial coloriste, Corben n’utilise pas l’aérographe pour laquer des aplats mais restitue au contraire des dégradés picturaux. Là aussi, la vie fascinante de ses couleurs tient à un effet de contraste systématique, qui oppose les pastels aux teintes vives, éclatantes. Un jeu de lumière voilée/dévoilée. C’est peut être à cause de cela que les œuvres les plus marquantes de Corben sont ses fresques mythologiques – Den, Les milles et une nuits  et le superbe Bloodstar inspiré de Robert Howard. La technique « bouleversante » au sens propre de Corben fait surgir la force à la fois brutale, primitive, et en même temps « poétique » des mythes dont il régénère l’imaginaire. Mais réactiver les mythes, pour Corben, ça ne veut pas dire souscrire à la figure du super-guerrier barbare ; il s’agit au contraire de conduire l’épique vers le grotesque, d’atteindre le point où la chair, le sang, les couleurs, la violence, la lumière se mélangent en une bouillie écœurante – mais drôle, bouffonne. » 

Corben est un auteur prolifique (le mot est faible) toujours d’actualité. En 2008, il a dessiné une aventure de Hellboy (The crooked man) sur un scénario de Mignola. Sa dernière série en date s’intitule Starr the Slayer. Tous les détails de sa prodigieuse production sur Bédétheque.

La saga de Den (4 Tomes) - Richard Corben (Comics USA, 1990-92) dans Chroniques BD 193598den2

http://www.corbenstudios.com/

DISSYMETRIES – Koren Shadmi (La Boîte d’Aluminium, 2007)

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Il y a plusieurs manières d’acheter une bande dessinée. Soit on sait ce qu’on veut à l’avance, du genre l’album qui nous manque d’un auteur qu’on apprécie, une nouveauté dont tout le monde parle (la presse spécialisé ou autres), le bouche à oreille entre amis… Soit on tombe dessus par hasard (ou par synchonicité, pour reprendre l’idée de Dionnet). Et qu’est ce qui fait qu’on s’arrête sur telle bd plutôt qu’une autre ? Le format,  l’objet livre qu’on a entre les mains, la qualité du papier,le style graphique, le thème, le titre, la maison d’édition, le feeling ?

Je suis tombé par hasard sur cette perle. Dès la couverture, les couleurs, le style, dès que je l’ai feuilleté, en quelques secondes, j’ai su que c’était une merveille. Je ne me suis pas trompé. Je me fis à mon flair, mon intuition, qui avec le temps, s’affine. J’ai développé des radars qui clignotent dès que je trouve un ouvrage susceptible de me plaire. C’est ce que j’aime dans le chinage, le fouinage. Faire ce genre de rencontres impromptues, inespérées, attendues…

J’aime ce plaisir rare de découvrir un grand album d’un grand auteur qui m’étaient jusqu’alors totalement inconnus, sans même en avoir jamais entendu parler, comme c’est le cas pour Koren Shadmi et son Dissymétries.

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Après Cours Intérieures, voici un nouveau recueil de nouvelles de l’américain [d’origine israélienne] Koren Shadmi. Bien plus qu’une nouvelle sélection d’histoire, Dissymétries a pour ligne directrice le portraits de personnages cruellement tirés par la folie dans un monde contemporain pourtant d’apparence banalisé. À nouveau, l’auteur sait créer des ambiances intimistes dans une galerie surréaliste… à moins que ce ne soit le contraire. (La gazette du comptoir).

Il y a du Klimt chez Shadmi (voir la couverture). Du Schiele aussi, dans son trait « tordu ». Une esthétique qui m’évoque aussi un Stéphane Blanquet, avec ces ambiances étranges et fantasmagoriques. Entre tranches de vies réalistes et histoires surréalistes, dans lesquelles le fantastique s’immisce dans le quotidien, Koren dresse des portraits plutôt tranchants de ses contemporains. Des hommes et des femmes marchant à côté de leurs pompes (par accident ou depuis longtemps), qui vivent décalés, voire déconnectés de leur environnement. Des thèmes que l’on retrouve également chez Burns ou Tomine (dont il est proche aussi graphiquement, entre ligne-claire et manga). Cet album nous parle de la dissymétrie des sentiments entre les individus, hommes et femmes essentiellement…

Bien que ces références me « sautent aux yeux », Shadmi n’en est pour autant pas un dessinateur de seconde zone. On sent dans son trait une grande maitrise, une grande ambition dans les découpages, les mises en pages et les cadrages. Un auteur de bande dessinée qui a des choses à dire et possède les moyens adéquates pour nous les dire (cliquez sur son site ou Google image à son nom pour vous rendre compte de sa maitrise de la couleur !). Un nouvel auteur à suivre…

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http://www.korenshadmi.com/

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