L’hebdo Marianne sort un hors série consacrée à la bande dessinée. Début d’année et festival d’Angoulême obligent, la rédaction nous propose un traditionnel (et déjà vu) recensement des œuvres incontournables de la bande dessinée. Mais la grande originalité de ce hors-série, c’est d’avoir demandé à une bonne vingtaine d’auteurs influents (entre Gotlib, Pétillon, Moebius, Bilal, Fred, Blutch, Dupuy & Berberian, etc.) d’établir la liste de leurs 10 albums préférés.
Une idée intéressante, qui m’a donné envie de faire de même, avec toute la subjectivité et les oublis que cela oblige… Exercice difficile que de devoir choisir mes dix bandes dessinées préférées parmi toutes celles que j’ai lu et apprécié. J’ai choisi ces dix en laissant parler mes émotions plutôt que mon intellect. Ne pas choisir une bd parce qu’elle est un chef d’œuvre, mais par rapport au plaisir que j’ai eu de la découvrir, de la lire et relire. C’est pourquoi par exemple, on y trouvera La grande fugue des frères Varenne plutôt que le Maus de Spiegelman… Bien sur, les deux peuvent parfois se côtoyer (tels que pour les Idées Noires du Maitre Franquin), mais j’ai dressé cette liste en fonction de mes coups de cœur.
Un autre critère, qui m’a bien aidé pour établir cette liste, c’est d’évoquer des albums que je n’ai pas encore chroniqué sur ce blog. Partant du principe que je ne parle que de BDs que j’apprécie, cela aurait fait doublon pour certaine… Malgré cela, le choix reste difficile. Mais voilà, la liste est faite, sans ordre d’importance :
Sous le signe du capricorne (Hugo Pratt)
Le premier Corto Maltese que j’ai lu. J’y ai découvert la magie du noir et blanc pur, la beauté des contrastes forts. Un univers onirique et envoutant que je ne cesserai jamais d’aimer. Pratt est un génie de la narration, et un grand dessinateur (malgré ce que certains peuvent en dire…) Une œuvre qu’on adore ou qu’on déteste, mais qui ne laisse pas indifférent.
Je me rappellerai toujours de mes impressions lorsque j’ai lu cet album pour la première fois. C’est poilant et flippant. Attirant et dégoutant. C’est surtout virtuose. Comment est-il possible que ce soit le même dessinateur que celui de notre gaffeur préféré. Depuis, je n’ai jamais pu lire Gaston de la même façon…
Une affaire de famille (Will Eisner)
Eisner aime raconter des histoires simples. Des histoires qui touchent tout un chacun. Des histoires que l’on pourrait tous vivre. Loin de l’Aventure et des Super-héros, Une affaire de famille nous emmène dans l’intimité d’une famille, et touche à l’universalité des sentiments filiaux. Un chef d’œuvre…
Rubrique à brac (Marcel Gotlib)
Il est pour moi évident que Gotlib figure dans mon panthéon. Un génie de l’humour ce type ! Mais que choisir de lui ?
La Rubrique à Brac bien sur ! Le chainon manquant entre les Dingodossiers d’avec Goscinny et ses œuvres fluidiennes. Un must de l’humour dessiné, que je relis toujours avec grand intérêt, tant j’en découvre encore à chaque fois…
La grande fugue (Alex et Daniel Varenne)
Ah ! Les frères Varenne ! J’avais acheté cet album par hasard, et j’avoue ne pas l’avoir apprécié à sa juste valeur. Mais avec le temps, j’ai adoré cette histoire post-apocalyptique. Graphiquement parlant, La grande fugue est mon préféré de la série des Ardeur. L’utilisation du noir et blanc et surtout ces gammes de gris, est remarquable. Peu de traits, la plupart des formes sont signifiées par les contrastes. Un choc esthétique.
Le trésor de Rackham le Rouge (Hergé)
Tintin, inévitablement. Mais quel album ? En y réfléchissant bien, le choix est ardu. Mais rapidement, l’histoire qui me vient à l’esprit, qui m’a le plus fait rêver, qui n’arrête pas de me surprendre au fil des pages, qui m’emmène à la fois au bout du monde et à proximité, qui m’a donné une définition claire de ce qu’est l’Aventure, c’est sans conteste Le trésor de Rakham le Rouge.
Le grand Duduche – il lui faudrait une bonne guerre (Cabu)
Tout est bon chez Cabu, et j’ai une tendresse particulière pour le Grand Duduche, cet album principalement. Alors que pour beaucoup, il demeure le dessinateur de notre enfance, son graphisme et les thèmes qu’il aborde ne sont pas accessible au premier adolescent venu. Il faut acquérir une certaine maturité pour apprécier son œuvre à sa juste valeur. Même si Duduche (et donc Cabu) est un éternel adolescent. C’est certainement pour ça que je les aime plus encore avec l’âge…
Je montre tout (Georges Wolinski)
Wolinski fait-il de la bande dessinée ? Eternelle question qui dans le fond, n’a pas de sens. C’est un dessinateur, qui nous raconte des histoires en dessin. Voilà tout ! Et quand il nous raconte sa vie de dessinateur, ça donne ce superbe Je montre tout. Wolinski tiens ses promesses, il livre tout. La grande originalité, qui fait la richesse et la rareté de cet ouvrage, c’est que Wolinski rencontre Wolinski. Il n’y a pas un, mais six personnages principaux (un Wolinski par décennie). Cette mise en abime est d’une richesse narrative incroyable.
La voiture immergée (Maurice Tillieux)
Tillieux, c’est la classe. Lecture de mon enfance, je retiendrai en particulier ce troisième album de Gil Jourdan. Une virtuosité dans le dessin (quelles couleurs !), au service d’une ambiance polar année 50. Des personnages hauts en couleur, une angoisse sourde, de multiples dangers… Bref, pas besoin d’aller au bout du monde (ou avoir de supers pouvoirs) pour vivre l’Aventure. Gil Jourdan, c’est l’antithèse de Tintin. La voiture immergée, une histoire qui tient la route ! Comme dirait Libellule…
Un des auteurs les plus originaux de sa génération, pour un album qui ne ressemble à rien de connu jusqu’alors. Winshluss est un dessinateur « underground », dont le style n’est vraiment pas accessible. D’où cette remarquable performance que d’avoir réuni succès critique et public (mérités) avec cette adaptation trash à ne pas mettre entre toute les mains. Du grand Art…
Voici dans le désordre, la liste de mes autres albums préférés, déjà chroniqués dans ces pages :
Time is money (Alexis et Fred)
La jonque fantôme vue de l’orchestre (Forest)
La vie est belle malgré tout (Seth)
Scène de la vie de banlieue (Caza)
L’incal (Moebius et Jodorowsky)
C’est un agréable et difficile exercice. Ça prête toujours à discussion, mais je suis surpris de ne pas y trouver la série ou juste le fabuleux tome 2 de « Le Combat Ordinaire ». Un oubli ou juste pas loin de ceux cités ?
SInon j’ai commencé ce matin, je n’ai pas pu terminer et j’en suis pile à la moitié, « La vie est belle malgré tout » de Seth. C’est superbe.
Aussi, je viens de m’atteler à mes 30 films préférés des années 90… oui 90. La liste est bouclée, me reste plus qu’à la mettre sur mon blog. J’adore faire ce truc depuis toujours.
Pendant que j’y pense j’ai vu que Les Inrocks venait de sortir un HS sur les 100 meilleurs disques des années 2000. J’en ai 89 et elle serait bien différente, car ils ont voulu la faire tellement éclectique qu’ils s’égarent par moment. En tout cas, la bataille est rude chez les journalistes pour LE disque des 2000′s, on y trouve soit « OK Computer » de Radiohead ou « Funeral » d’Arcade Fire.
Je pense que pour cette première place, ton choix est fait
Mais je m’égare… Biz.
Me suis gourré, pas OK Computer, mais KID A bien sûr !
Oui tout a fait d’accord, mon choix est fait depuis 2000 !
Pour ce qui est du combat ordinaire, il est en effet pas loin de ceux cités, mais pas venu immédiatement à l’esprit quand j’ai fait cette liste. De plus, je n’ai pas encore posté dessus, et me suis plutôt rabattu sur le Blast. Mais je m’y attellerai un jour, c’est sur…
J’ai fait cette liste en remontant assez loin dans mes souvenirs de lecture, et pour citer un plus récent, Pinocchio m’a paru plus évident…
Et au jour d’aujourd’hui ton top 10 a t’il évolué au gré des nouveautés ?
C’est marrant que tu me poses la question car j’y pensais il y a peu. Je pourrais faire une autre liste de 10 bandes dessinées, tout en considérant celle-ci comme toujours indispensable…
Je vais m’y atteler d’ici peu…
Cool !! J’ai hâte de lire ça !