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Archives pour octobre 2009

Astérix & Cie… Entretiens avec Uderzo – Numa Sadoul (Hachette, 2001)

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Je termine ce livre au moment même où l’on fête les 50 ans d’Asterix. Belle coïncidence. J’aime bien Astérix, c’est une série sympathique et très bien faite. Mais je ne la classe pas au même niveau qu’un Gaston, un Philémon ou un Tintin… A chacun son panthéon ! Pourtant j’admire vraiment l’œuvre de Goscinny, et le dessin d’Uderzo m’a toujours bien plu.

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La réussite d’un recueil d’entretiens tient aux qualités de l’interviewé, mais également à celles de l’intervieweur. Numa Sadoul (frère de Jacques Sadoul, sacrée famille !) est passé maitre dans l’échange avec les auteurs de bd (Hergé, Franquin, Gotlib, Moebius, Tardi…) depuis sa participation aux Cahiers de la bande dessinée. Numa Sadoul n’est pas un journaliste, mais un artiste. Un auteur, metteur en scène, comédien de théâtre et d’Opéra. Cela se ressent dans sa manière d’enchainer des questions, ainsi que dans leur contenu. Ce qui l’intéresse, ce sont les origines de la vocation du dessinateur, son parcours, ce qui l’a amené à être ce qu’il est aujourd’hui… En bref, la genèse de l’artiste. D’ailleurs, Uderzo commence l’entretien en lui disant : – Tu vas me psychanalyser !  Chose à laquelle répond Sadoul : - Il y a un certain nombre de questions inévitables, prévues ; puis d’autres qui viendront au fur et à mesure, c’est comme ça que je procède toujours. Numa Sadoul s’attache uniquement au processus de création, aux influences, aux faits marquants de la carrière. Il ne s’aventure que rarement dans la vie intime des auteurs. Cet ouvrage contient trois entretiens réalisés sur 3 jours de février 1999, chez Albert Uderzo. En annexe, on trouve l’entretien réalisé en 1973 pour les cahiers de la Bande Dessinée.

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Uderzo est un dessinateur mésestimé. Cette situation est due à plusieurs choses. D’abord, Albert est un homme discret, qui s’est toujours accommodé du fait que Goscinny soit plus reconnu que lui. Sa référence (et révérence) envers Walt Disney lui a été aussi mainte fois reproché par les « grands esprits » de la bande dessinée. Il a aussi été critiqué pour avoir continué l’aventure Astérix sans Goscinny (en assurant lui-même le scénario). Son procès gagné contre la maison Dargaud pour récupérer les droits d’Astérix, a enfoncé le clou et contribué à ce qu’il devienne « persona non-grata » dans le landernau de la Bande Dessinée. Il attendra 2000 pour recevoir un prix à Angoulême (le Prix du Millénaire, décerné par Boucq).

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Beaucoup pensent qu’Uderzo n’a fait qu’Astérix, et qu’Astérix a fait Uderzo. Et bien que cela soit vrai depuis la fin des années 60, on ne peut pas ignorer ses autres œuvres. C’est un immense dessinateur, autodidacte, qui peut quasiment tout représenter. Un bosseur acharné, qui dans les années 50 réalisait jusqu’à 9 planches par semaine (entre ses 3 séries phares : Astérix, Oumpah-Pah et Tanguy) Bien que préférant le style humoristique (Oumpah-Pah, Belloy), il a su s’atteler avec brio au style réaliste (Tanguy, Bill Blanchard). Il a même dessiné des planches de Captain Marvel Jr pour l’édition francophone. Il a travaillé avec les plus grands dessinateurs et scénaristes de son époque (Goscinny bien sur, mais aussi Charlier, Hubinon, Greg, Jijé, Paape…). Ses amitiés ne sont pas mal non plus : Franquin, Tibet, Morris, Mulatier, Tabary…

On apprend aussi qu’Uderzo possède des caractéristiques physiques plutôt exceptionnelles pour un dessinateur : il est né avec 6 doigts à chaque main et est daltonien (il ne distingue pas les dominantes de même couleurs). Cela ne l’a pas empêché de devenir un excellent dessinateur. Mais depuis quelques années, un problème à la main l’empêche de conserver sa virtuosité d’antan.

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Il ne cite que trois influences fondamentales : Walt Disney et Pat Sullivan (Felix-le-chat) pour le dynamisme et les formes rondes, ainsi le français Calvo (qui l’a pris sous son aile) pour le sens de la composition. Il admire Franquin, comme beaucoup… Uderzo reste humble face au succès mondial d’Astérix. Il n’entretient aucune rancœur envers ses détracteurs. Il ne règle aucun compte dans ses entretiens. Ce qui nous démontre qu’il est aussi un grand homme. Comme le dit Numa Sadoul en avant-propos : – Ma mémoire conservera le bonheur d’avoir confectionné ce livre dans un climat de confiance et de complicité sans nuage avec un artiste qui a fait preuve, depuis le début, de ce que l’on appelle « la grande classe ».

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Avec ses complices…

Site officiel : http://www.asterix.com/index.html.fr

Les illustrations viennent du site : lambiek

Apporte-moi de l’amour – Charles Bukowski & Robert Crumb (Mille Et Une Nuit, 1999)

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Quand l’univers de Robert Crumb croise celui de Charles Bukowski, cela créé un mélange explosif, un cocktail détonnant ! C’est en 1983 que Crumb illustre la nouvelle Bring Me Your Love. Ce n’est pas une BD, mais quelques dessins en lien avec le texte. Parution également du recueil de nouvelles Hot Water Music (Je t’aime, Albert). Crumb illustrera la nouvelle There’s no business en 1984.

Ce petit recueil illustré, traduit par Jean-Luc Fromental, contient les deux nouvelles Bring Me Your Love et There’s no business, ainsi que des repères biographique et bibliographique de Buk.  

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Le trait expressif de Crumb convient à merveille pour mettre en image les mots incisifs de Buk. Cette collaboration parait évidente, tant il existe de nombreux points communs entre ces deux artistes. Autodidactes, n’appartenant à aucunes écoles, aucuns courants, ils abordent dans leurs œuvres les affres de l’existence et les dérives de la société américaine, en nous racontant des histoires de losers misanthropes, alcooliques, lubriques et dépressifs… Ils développent tous deux une forme d’autobiographie qui ne les mets pas en valeur (loin de là) mais leur permet d’exorciser de nombreux démons. Des styles bruts, directes, sans fioritures, mais démontrant une grande maitrise. 

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Jean-Luc Fromental nous explique en postface, un autre de leur point commun, et non des moindre : La rencontre de Crumb et de Bukowski sous la même couverture n’a rien de fortuit. L’un et l’autre sont les produits du même malentendu. La vague rock les a portés au sommet de la gloire. [...] Ils vouent le même mépris pour la musique binaire et ses évangiles. La mystiques des années 60/70, dont ils sont les emblèmes, suscite au mieux leur indifférence, le plus souvent leurs sarcasmes. L’utopie hippie a fourni à Crumb la matière de ses plus virulentes satires. Son Mister Natural, dont les préceptes ineptes étaient repris au premier degré par les adeptes du Flower Power, était une caricature au vitriol des gourous délirants que virent fleurir par milliers les enfants de Thoreau sous acide. Bukowski, lui, refusait carrément d’en parler. Woodstock, les trips, le Viêt-Nam brillent par leur absence dans son œuvre. C’est pourtant le mouvement underground qui a fait d’eux ses porte-drapeaux ; les réseaux alternatifs qui les ont élevés au rang de héros et ont clamé au monde leur louanges. Les comix de San Fransisco pour l’un, le journal Open City de Los Angeles pour l’autre, les ont tirés de l’obscurité pour les projeter dans la lumière de la révolution psychédélique planétaire. 

 

 

Deux artistes sans concessions qui ne pouvaient que se compléter admirablement. Un bel ouvrage.

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« Bukrumbski »

Putain, c’est la Guerre! – David Rees (Denoël Graphic, 2003)

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C’est à partir du 9 octobre 2001, soit un mois après la chute des tours, que David Rees, new yorkais de 28 ans, met en ligne les premiers strips de Get Your War On ! 

Rees y met en scène des personnages stéréotypés dans les décors vides. Des hommes et femmes d’affaire, toujours les mêmes, qui échangent leurs impressions au téléphone ou autour d’un café. Tels des spectres, ces gens auraient pu avoir travaillé au World Trade Center… 

Strips dignes de l’OuBapO, Rees utilise toujours les mêmes dessins et change seulement le sens ou le cadrage. Des strips en rouge et blanc, qui apportent une esthétique particulière et reconnaissable. Choisir le rouge n’est pas anodin… Un bel ouvrage, format à l’italienne, déniché par Denoël Graphic.

Le fait d’utiliser des images « standards », du genre que l’on trouve sur les publicités ou fascicules explicatifs (dans les entreprises, les avions…) conforte les idées d’anonymat et d’universalité. Une « neutralité » qui lui permet de se lâcher. Tout ce que disent ces personnages reflète ce que pense une bonne partie des américains. Mais là où Rees est pertinent, c’est qu’il dénonce avec cynisme, en même temps qu’il rapporte ces opinions publiques. Dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas : « Yeah ! L’Opération Notre Liberté Immuable d’Ecraser Vos Putains de Gueules Sous les Bombes est dans la place !!! » dit l’un des personnages.

Un américain qui ironise ouvertement sur les attentats et la politique de Bush, c’est assez rare pour être souligné !

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TOPOR Roi malgré lui – Alberto & Gianmaria Giorgi (éditions Nuages, 2009)

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Encore du Topor. Je vous entend d’ici : « tu ne serais pas un peu obsédé par cet artiste ? » Je le crois en effet. Et aux vues des difficultés pour trouver un ouvrage de ses dessins et peintures, je ne vais pas bouder mon plaisir quand sort récemment ce livre d’Alberto et Gianmaria Giorgi, galeristes et grands amis de Topor, édité chez Nuages, une maison milanaise.

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Topor roi malgré lui nous propose une monographie (en italien et français) comprenant une courte interview de Topor par son ami Sternberg. En voici un intéressant extrait :

S. Tu déchires beaucoup de dessins ? 

T. Oui, beaucoup. Mais j’aime le dessin. On pense généralement que le dessin est bon s’il est impeccable, s’il est bien exécuté, comme si dessiner bien n’était, au fond, qu’une façon de dessiner comme les autres… Pour moi, dans le dessin il n’y a pas de codes comme en littérature où il existe des règles extrêmement compliquées : la syntaxe, l’orthographe. Dans le dessin tu décides de ta propre codification. [...] Les gens ont pris l’habitude de décider à votre place ce qui est quelque chose et ce qui n’est rien, or, c’est toi qui choisis ce que tu désires faire…

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S. Comment juges-tu l’évolution de ton dessin ? 

T. Je peux être plus libre. Je dois me libérer du dessin qui plaît parce qu’il donne l’idée qu’il a été très travaillé. C’est vraiment ce dont je dois me débarrasser, le travail. Le travail inutile…Pour parvenir à faire comme les grands dessinateurs. Tu connais les dessins de Rembrandt ? Tout y est. Je me sens encore loin de la perfection. J’ai beaucoup de travail devant moi. 

S. Quel est pour toi le dessinateur le plus libre ? 

T. Rembrandt, Goya, ils ne sont pas nombreux. Ensor disait quelque chose de formidable :  »Je hais la ligne exacte qui est toujours stupide. » Je n’aime pas la ligne exacte, j’aime la ligne sensible. La mienne, à mon avis, n’est pas encore assez sensible. 

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La deuxième partie de l’ouvrage comprend des dessins et peintures de diverses époques (de 1970 à 1991) et la troisième regroupe ses dessins fait à la bombe, technique qu’il exploita durant les années 80. Des reproductions de grandes qualités, avec de très belles couleurs, tirées de l’importante collection italienne d’Alberto Giorgi . Un panorama sélectif qui nous permet d’apprécier pleinement toutes les richesses de son art. La qualité de son trait inimitable et souvent copier (à base de hachures faites au crayon ou à la plume), de ses couleurs à la pastel et aux crayons (ses dessins donnent l’impression d’être (mal) coloriés par un enfant). Son rapport particulier au corps humain. Tels des images d’Epinal, ses dessins nous en disent beaucoup sur nous même, nos obsessions, nos angoisses… Un génie ce type !

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http://toporetmoi.over-blog.com/

Florence Cestac – Exposition (Hôtel de Région / Rouen)

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C’est dans une grande salle flambant neuve de l’Hôtel de Région, de forme ovale et très lumineuse, que se situe l’exposition Florence Cestac. J’y suis seul et le resterai tout le temps de ma visite. Etonnant. J’avais envie d’interpeller les passants à travers la baie vitrée, leur dire de venir profiter des œuvres originales de cette artiste bourrée de talent. Et puis non. Après tout, il y a de grandes affiches à l’entrée et en plus, c’est gratuit. Alors, tant pis pour eux, et tant mieux pour moi. Je suis seul à profiter de cette exposition, à passer le temps que je veux devant ces œuvres. Pas de bruits ni bousculades. Très agréable.

Une bonne centaine d’oeuvres au total. De nombreuses planches originales en noir et blanc sont alignées le long d’un mur. Les Déblok, Le démon de midi, Super Catho, La véritable histoire de Futuropolis, Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps… Mêmes s’ils ne sont pas datés, ses dessins sont de différentes époques. On observe une évolution dans les formes de ses personnages, ils deviennent plus ronds, leurs visages moins étirés. Son trait se fait plus souple, plus fluide et elle semble moins utiliser le noir (ses premières planches sont plus contrastées, avec des fond noirs). Quelques tables vitrées nous présentent des illustrations en couleurs. Cestac est autant à l’aise avec la couleur que le noir et blanc. En face, on peut admirer ses sculptures (ses cactus ou ses personnages aux gros nez…), une tapisserie, ainsi que des détournements de vieilles peintures (le genre de croutes « biches dans la nature » qu’on trouve en foire à tout). Par exemple, elle peint un Mickson en deltaplane sur une vieille toile représentant une rivière entourée d’arbre, ou Don Quichotte et Sancho devant un chalet tyrolien. Des idées que n’auraient pas reniées les surréalistes.

Ses personnages sont attachants et dégagent beaucoup de sensualité. Florence Cestac possède une sensibilité particulière pour l’adolescence, qu’elle décrit à merveille. Une exposition vraiment sympa qui me donne envie d’en lire plus encore.

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Nuit câline

http://cestac.com/

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