Lewis Trondheim et Mattt Konture ont la très bonne idée de croiser leur talent dans cette patte de mouche. Pour l’occasion, ils font se rencontrer leur personnages, Lapinot et Galopu, dans une aventure commune, logiquement intitulée Galopinot. L’histoire commence de cette manière : Trondheim, traînant son Lapinot par les oreilles, rejoint Konture qui a rapporté son Galopu. Ils se sont donné rendez-vous avec cette idée en tête, lâcher leurs personnages et les laisser partir à l’aventure.
Ce postulat créé une mise en abîme intéressante. L’aventure vécue par les héros fait écho à l’aventure picturale que vivent les dessinateurs. De plus, ces derniers interviennent dans le déroulement de l’histoire. Leurs personnages les interpellent régulièrement quand ils ne savent plus quoi faire. Cela donne donc des auteurs dessinant des auteurs dirigeant leurs personnages dans une histoire qu’ils inventent au fur et à mesure… Et au fil de ces pérégrinations surréalistes, on croise d’autres (anti)héros des auteurs, Ivan Morve et Mister Vrô, ou bien Richard, le pote de Lapinot.
Alors, comment ont-ils procédé ? L’un scénarise et l’autre dessine ? D’ailleurs, y a-t-il un scénario ? Cela semble de l’improvisation pure. Ils posent les bases (la rencontre) et se lancent… Je suppose qu’ils ont pratiqué une sorte de cadavre-exquis, en prolongeant le dessin de l’autre, en dessinant chacun une case. L’un dessine les perso et l’autre les décors ou alors, chacun dessine une page… On ne sait pas vraiment qui fait quoi, et c’est ça qui est génial… De même pour les dialogues, chacun semble écrire ce que dit son perso, en réponse à l’autre. C’est par leur style et leur calligraphie qu’on arrive à les distinguer.
Deux auteurs qui, bien qu’amis et co-fondateurs de l’Association, s’inscrivent dans des démarches différentes. Trondheim est un théoricien-praticien de la BD, membre actif de l’OuBaPo. Konture lui est issu d’une (contre) culture fanzine plus « underground ». A priori les deux pôles les plus éloignés de l’Association, qui s’unissent pour produire une patte de mouche marrante (car ils savent jouer de ce décalage entre eux) et vraiment originale. Ce n’est ni Trondheim invitant Konture, ni Konture invitant Trondheim, mais un échange expérimental réussit entre deux auteurs de qualité.
Auto-Galopinot
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