Une curiosité que je voulais acheter il y a quelques années, mais manque de chance, le libraire a fermé avant que je ne me décide… Je n’ai donc pas hésité longtemps quand je l’ai vu récemment chez mon crémier habituel. D’abord sorti dans leur version française en 3 volume aux éditions Transite, de 1978 à 1981, puis chez Delta Plus, ces Dirty comics furent réédité en 2004 en « petite collection » chez Allia.
Les Dirty Comics ont fait leur apparition aux Etats-Unis suite à la crise de 1929. Petites bédés vendues sous le manteau, elles se présentaient sous la forme de parodies pornographiques (très explicites) des comics traditionnels. Dessinés par des auteurs bien évidemment restés anonymes, voire sous pseudonymes, comme « Mister Prolific ».
Subversifs, mal dessinés et imprimés à la va-vite, ces Dirty comics sont les véritables ancêtres de la contre culture américaine. Ils sont aussi connus sous le nom de Eight-pagers, Bluesis, Jo-Jo Books, Two-by-fours, Gray-Backs, Tillie-and-Mac Books, Jiggs-and-Maggie Books, Tijuana Bibles, ou plus simplement Fuck Books. Très dynamiques, à la fois hilarantes et irrespectueuses, ces courtes histoires mettent en scène des stars hollywoodiennes (Marx Brothers) ou des héros de bandes dessinées de l’époque (Popeye).
La profonde injustice de cette situation est propice à la violence et au cynisme. La vie culturelle est bouillonnante et l’humour se fait plus âpre. Pas étonnant, donc, que les Dirty Comics naissent dans ce contexte. Egalement appelés « eight pagers » (huit page), ils sont dessinés à la sauvette, imprimés avec les moyens du bord et font l’objet d’un commerce florissant. Leur petite taille et leur prix modique les destinait aux plus déshérités. Ils sont vendus de la main à la main et leurs éditeurs anonymes se déplacent de ville en ville, pour échapper au zèle inquisiteur de la police. Leur scénario est immuable et se moque de toute les célébrités de l’époque : réelles ou imaginaires, stars cinématographiques ou politiciens, hommes ou femmes, les Dirty Comics n’épargnent personne, et les montre en proie aux passions les plus crues. Oubliés pendant des décennies, les Dirty Comics sont aujourd’hui redécouverts comme les ancêtres de la libérations des mœurs, et un exemple unique dans l’histoire de la bande dessinée populaire. Savoureux témoignages d’une époque révolue, les Dirty Comics sont les enfants de la crise de 29. Nés à cause d’elle, ils moururent à cause d’elle. (Préface de l’ouvrage)
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