Je ne peux dresser un inventaire des revues et magazines de bd actuels sans mentionner l’Echo des Savanes.
Créé en 1972 par Mandryka, accompagné de Gotlib et Bretécher, l’Echo des Savanes eu l’effet d’un séisme au sein de la presse bd de l’époque. C’est la première revue officielle de bd « underground » française, très inspirée par Actuel et la contre-culture US (et surtout par l’exemple de Crumb lorsqu’il décide de s’autoéditer). Ces anciens transfuges de Pilote sont partis afin de jouir d’une totale liberté et pouvoir aborder dans leurs planches des thèmes plus adultes – en gros, pouvoir dessiner des bites, chose que bien évidemment le prude René Goscinny ne pouvait laisser faire au sein de Pilote (alors que paradoxalement, le premier nu intégral masculin de la bd française, dessiné par Druillet dans Delirius, fut diffusé dans Pilote en 1972).
Le premier numéro, par Bretecher…
Mais dans le fond, la vraie raison est le désir de Mandryka de créer un journal. Voire même plusieurs, car il avait l’ambition de créer un groupe de presse d’au moins quatre magazines, spécialisés chacun dans un genre précis : underground (l’Echo donc), Science fiction (il est à l’origine du nom Metal Hurlant), comique (qui donnera Fluide Glacial) et parodique (Mormoil). Mais ça ne s’est pas passé comme il l’espérait. Ces journaux ont bien existé, mais de façon indépendante (Il y aura tout de même d’autres magazines dérivés de l’Echo : le Spécial USA et Virus). Gotlib et Bretécher l’on suivi dans l’aventure car ils se sentaient aussi à l’étroit dans la rédaction de Pilote et avaient envie d’une totale liberté artistique. Mais ils ne resteront pas très longtemps à l’Echo, Gotlib part fonder Fluide Glacial en 1975 et Bretécher se lance pleinement dans l’autoproduction avec ses Frustrés…
Spécial USA, de 1976 à 1993…
L’Echo a connu plusieurs formules : d’abord spécialisé dans la bd underground, il s’est transformé dans les années 80 et 90 en un sous-Lui (femmes à poils et grand reportages à sensations), un journal racoleur et de moins en moins lié au monde de la bd. Puis, durant les années 2000, renouvellement de sa formule qui marque un retour à la bd avec un album complet (issu de leur catalogue) inclus dans le journal. Formule qui durera à peine 2 ans. L’écho disparaît en janvier 2007 (suite à une décision incompréhensible de son éditeur) pour réapparaitre en 2008 avec Didier Tronchet comme rédacteur en chef. La maquette a changé et ils ont recentré le journal sur la bd ! Fini les articles et les photos racoleuses… Mais attention, il y a toujours un peu de cul dans certaines bds, le striptease des copine n’est plus, c’est maintenant « ma copine au portable »… Ca reste l’Echo quoi ! La numérotation de ce nouvel Echo reprend à partir de l’ancienne, ce qui l’inscrit dans une continuité…En tout cas, je suis content d’y retrouver Vuillemin, Wolinski, Autheman, Jul, Charb, Malingrey, Planchon, Pedrosa…
Solé…
Dans les numéros à paraître, «on ne mettra plus des femmes nues en couverture et on ne fera plus la tournée des bars de prostitués de l’Est, comme c’était le cas dans la formule précédente», dit encore Didier Tronchet, qui tient à recentrer le journal sur des sujets «moins racoleurs». «L’Echo a un créneau potentiel que d’autres journaux n’ont pas pris, même pendant ses mois de non parution: laisser une large place aux dessins, politiques, de presse, de reportage, de BD, et faire du reportage sur un ton humoristique.»
Tous ces changements nous démontrent que l’Echo des Savanes a toujours oscillé entre une pure revue de bande dessinée (la meilleure période of course !) et un magazine de divertissement salace (entre Hara-Kiri version eighties, Jalons ou Entrevue)…
Premier numéro de la dernière formule, avec le fidèle Vuillemin…
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