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Archives pour septembre 2009

Festival BD Normandiebulle (Darnetal, 2009)

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14ème édition pour ce rendez-vous annuel des amateurs de bd en Normandie. Organisé sur 3 jours, le festival de Darnetal a toujours été un « petit festival », ayant pour vocation de servir de vitrine à la production locale. Petit par sa taille et le nombre d’invité, rien de comparable avec St Malo ou Angoulême. Mais ce n’est pas pour autant un festival au rabais, et le fait qu’il fête sa quatorzième édition nous le prouve. L’affluence des visiteurs également. Pourtant, il me semble qu’au fil du temps l’organisation ronronne un peu, avec ses habituelles remises de prix, son concours de jeunes auteurs et ses stands de vendeurs de BD neuves ou d’occasions (l’intérêt de ce genre de festival est aussi de pouvoir chiner la bd rare ou l’album qui nous manque). Et toujours un invité principal, mis en valeur par une exposition de ses œuvres…

Cette année, l’invité est Cromwell, dessinateur de nombreuses séries dont Anita Bomba, chez Casterman ou Sergueï Vladi, chez EDS… Créateur d’El Coyote, il a également participé au design de la série de dessins animés Malo Korrigan. Bien que comprenant peu d’œuvre originale (une trentaine de planches et de dessins en tout), son expo nous permet d’apprécier pleinement ses qualités de dessinateur et de coloriste. Il a une approche très picturale de la matière et excelle dans l’exercice de la couleur directe. D’autres expos sont programmées dans l’agglo : Florence Cestac à l’hotel de Région à Rouen (jusqu’au 23 octobre), Etienne Lecroart à l’IUFM de Mont-St-Aignan (jusqu’au 30 septembre) ou Emile Bravo à l’Espace Culturel de Canteleu (jusqu’au 3 octobre)…

Les amateurs de mon genre sont d’éternels insatisfaits. Lorsqu’il y a trop de « têtes d’affiches », ça devient une foire à la dédicace. Mais quand il n’y en a pas assez, on se dit qu’ils pourraient faire un effort… Jusqu’à présent, le festival de Darnetal était un bon compromis entre ces deux points de vue, invitant d’une année sur l’autre des auteurs à forte notoriété, tels que Pétillon, Martin Veyron, Willem, Frémion ou Florence Cestac, qui attire du public, et donc des lecteurs potentiels pour des auteurs moins connus  … Bien sur, ce n’est pas parce qu’on invite des pointures que l’on aura un festival de qualité. Mais sans dénigrer qui que se soit, et surtout pas Cromwell qui est un grand dessinateur, j’aurai aimé voir plus d’auteurs que j’affectionne (mais ça, c’est une question de goût).

Ce festival a su conserver cet équilibre entre auteurs amateurs (avec son espace fanzine) et professionnels, entre dimension locale (avec entre autres la présence de l’Association Normande de Bande Dessinée) et nationale (voire internationale). Normandibulles reste Le rendez-vous normand des amateurs de bande dessinées. A l’année prochaine !

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Dessin de Cromwell

VRAOUM ! Trésors de la bande dessinée et art contemporain (la maison rouge)

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On peut se demander quel est intérêt de contempler des planches sorties de leur contexte. Une planche est-elle une œuvre d’art à part entière ? Quand on se trouve devant un original de McCay, Forest, Breccia, Druillet, Giraud ou Gerner, la question ne se pose plus. On ressent exactement la même impression que lorsqu’on est devant une toile de grand maitre : on est à proximité de l’artiste, on sent son geste, sa trace, sa présence. C’est un sentiment magique, unique.

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La Maison Rouge (que je découvre à l’occasion) est le lieu idéal pour ce type d’exposition, vaste, mais à échelle humaine. Disposée de façon labyrinthique, le parcours est composé de plusieurs petites pièces abordant un thème particulier : Les pionniers de la BD, avec des planches d’Alain St Ogan, Richard Outcault, Winsor McCay ou Georges Herriman. Far West, comprenant essentiellement des planches de Giraud, ainsi que de son maitre Jijé et aussi Morris. Bestioles et créatures, avec Macherot, Crumb (et son Fritz the cat), Otto Messmer (et son Felix the cat), Schultz (et son Snoopy), Franquin et son Marsupilami, Peyo et ses Schtroumpfs, Mandryka et son concombre masqué ou Geluck et son chat. Sans oublier la Walt Disney Productions avec le génial Carl Barks (« l’homme au canards » qui aurait dessiné plus de 6000 planches de BD).

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S’en suit Hergé et la ligne claire où j’ai enfin pu observer des planches originales du Maître, ainsi que de ses amis Jacob, Martin et De Moor, sans oublier la relève avec Ted Benoit ou Joost Swarte. Mangas avec la présence du père d’Astro Boy, Osamu Tesuka, sans oublier Miyazaki (avec Princesse Mononoké). Puis, retour en Occident avec les Maitres de la S.F : les américains Clarence Gay ou Ales Raymond et les français Poïvet, Gillon, Forest, Druillet, Moebius ou Bilal. Epoustouflant ! Gags à Gogo et Gredins et chenapans nous présente des planches humoristiques de Chic Young, Segar (Popeye), Dirks (the Kratzenjammers kids), mais aussi St Ogan ou Franquin. Pictural nous propose des auteurs privilégiant les pinceaux (noir & blanc ou en couleur) tels Caniff, Breccia, Tardi, Hugo Pratt, Comès… A fond la caisse avec Hubinon, Jean Graton ou Boucq. La rencontre des héros et Super-héros se situent dans deux grandes salles dans lesquels bon nombres d’artistes contemporains revisitent les mythes de la BD, essentiellement issus des mangas et des comics (ah, le Batman obèse qui surplombe la salle, effrayant !) Puis pour finir, l’Enfer, situé dans une salle en sous-sol, dresse un petit panorama de la BD érotique avec Crumb, Pichard & Wolinski (avec leur Paulette), Forest (et son Barbarella), Guido Crepax, Manara ou Vuillemin…

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Cette expo nous permet de découvrir les coulisses de la création d’une planche de bande dessinée. On observe des différences de méthodes entre les auteurs. Différence de format d’abord, car si la plupart dessine sur de grandes feuilles qui seront réduite pour l’impression, d’autres dessinent au même format que la future édition en album. Au niveau de la mise en page, on voit bien que certains dessinent les cases individuellement, puis les assemblent pour composer leurs planches, tels que McCay, Gotlib ou Bilal… D’autres par contres, préparent leur structure à l’avance et dessinent minutieusement dans les cases (Hergé, Moebius …). Les américains eux, dessinent sur des planches pré-formatés pour l’imprimerie (Alex Raymond ou Joe Schuster). Différence de techniques entre une majorité de noir et blanc (dont de nombreux maitres, Forest, Eisner, Milton Caniff…) et les adeptes de la couleur directe (Mattoti, Breccia, de Crecy ou Liberatore…)

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Gilles Barbier, L’hospice, 2002

L’originalité de cette exposition est de confronter ses planches originales de grands dessinateurs aux regards que peuvent y porter des artistes contemporains. Car les frontières entre ces deux univers sont de moins en moins hermétiques, de plus en plus « poreuses ». Des peintres tels qu’Authouart ou Di Rosa ont toujours cité la Bande Dessinée comme une influence majeure. On découvre également des strips de Picasso (années 30) qui était un inconditionnel du Krazy Kat d’Herriman. Picasso lui-même aurait dit qu’un de ses seuls regrets est de ne pas avoir fait de bande dessinée… Art Lichtenstein, Keith Haring et Jean-michel Basquiat rendent également leur tribu à la BD.

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TNT en Amérique, Jochen Gerner

Le parcours commence avec l’intégrale des planches du TNT en Amérique de Jochen Gerner. Un auteur qui créé la parfaite jonction entre Art Contemporain et « petits mickeys ». Ses planches sont remarquables. Il a développé ce qu’ont pourrait appeler la « narration séquentielle non-figurative ».

Ponctuant le parcours de l’exposition, des couples se forment entre les personnages de BD et leur réinterprétation dans des œuvres contemporaines : la lime cachée dans le pain des Dalton par Olivier Babin, little Nemo dans son lit par Peter Land, le tempérament bagarreur de Popeye par Jean-Michel Basquiat, la famille Flintstones par Paul McCarthy, la silhouette de Tintin par Henrik Samuelsson. Ce dernier apparaît également dans la peinture murale de Fabien Verschaere… (Guide de l’expo)

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Wang Du, Vous avez du feu, 2002 

Pour rester dans le jeu du name-dropping, n’oublions pas de citer encore Pierre la Police, Lewis Trondheim, Toriyama (l’inventeur des Dragon Balls), Willy Vandersteen, Loustal, Charles Burns… Une expo remarquable qui fait la part belle aux pièces de collection sans pour autant sentir le vieux papier. Et ceci grâce à la présence de ces œuvres contemporaines qui apportent une résonnance particulière aux vielles planches de bd, et corroborent l’idée principale de cette exposition : les frontières entre Art et BD n’existent pas !  

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GALOPINOT – Lewis Trondheim & Mattt Konture (l’Association, 1999)

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Lewis Trondheim et Mattt Konture ont la très bonne idée de croiser leur talent dans cette patte de mouche. Pour l’occasion, ils font se rencontrer leur personnages, Lapinot et Galopu, dans une aventure commune, logiquement intitulée Galopinot. L’histoire commence de cette manière : Trondheim, traînant son Lapinot par les oreilles, rejoint Konture qui a rapporté son Galopu. Ils se sont donné rendez-vous avec cette idée en tête, lâcher leurs personnages et les laisser partir à l’aventure.

Ce postulat créé une mise en abîme intéressante. L’aventure vécue par les héros fait écho à l’aventure picturale que vivent les dessinateurs. De plus, ces derniers interviennent dans le déroulement de l’histoire. Leurs personnages les interpellent régulièrement quand ils ne savent plus quoi faire. Cela donne donc des auteurs dessinant des auteurs dirigeant leurs personnages dans une histoire qu’ils inventent au fur et à mesure… Et au fil de ces pérégrinations surréalistes, on croise d’autres (anti)héros des auteurs, Ivan Morve et Mister Vrô, ou bien Richard, le pote de Lapinot.

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Alors, comment ont-ils procédé ? L’un scénarise et l’autre dessine ? D’ailleurs, y a-t-il un scénario ? Cela semble de l’improvisation pure. Ils posent les bases (la rencontre) et se lancent… Je suppose qu’ils ont pratiqué une sorte de cadavre-exquis, en prolongeant le dessin de l’autre, en dessinant chacun une case. L’un dessine les perso et l’autre les décors ou alors, chacun dessine une page… On ne sait pas vraiment qui fait quoi, et c’est ça qui est génial… De même pour les dialogues, chacun semble écrire ce que dit son perso, en réponse à l’autre. C’est par leur style et leur calligraphie qu’on arrive à les distinguer.

Deux auteurs qui, bien qu’amis et co-fondateurs de l’Association, s’inscrivent dans des démarches différentes. Trondheim est un théoricien-praticien de la BD, membre actif de l’OuBaPo. Konture lui est issu d’une (contre) culture fanzine plus « underground ». A priori les deux pôles les plus éloignés de l’Association, qui s’unissent pour produire une patte de mouche marrante (car ils savent jouer de ce décalage entre eux) et vraiment originale. Ce n’est ni Trondheim invitant Konture, ni Konture invitant Trondheim, mais un échange expérimental réussit entre deux auteurs de qualité.

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Auto-Galopinot

François CAVANNA – Bête et méchant

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Cavanna est un homme de Lettres. Avec un grand l. Mais il n’est pas, bien heureusement, l’un de ces littéraires sous formol, de ces gardiens du temple de la bonne expression écrite. Avec lui -et grâce à lui- la langue écrite est organique (et orgasmique !). Elle vit, respire,exulte… En un mot, elle parle ! Avec toutes les approximations et les soi-disant fautes de l’oralité (l’oubli de négation par exemple). C’est un spécialiste pour ce qui est de retranscrire les accents étrangers, qu’on ne comprend pas plus par écrit que si on les entendais (je n’ai que rarement capté ce que son père pouvait raconter…). Son écriture retranscrit au plus juste les mécanismes de sa pensée. Comme s’il n’y  avait pas de perdition entre ce qui part de son cerveau et ce qui arrive sur le papier. Une écriture en direct. Il est aussi un maniaque de la ponctuation… C’est en ces quelques mots que je décrirais le « style Cavanna ». Un style qui peut en réconcilier plus d’un avec la Littérature. Avec un grand l…

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Dessin de Cavanna

Cavanna est un homme d’images. Fan d’illustrés depuis sa tendre enfance, il s’est établi comme dessinateur durant les années 50, sous le pseudo de Sépia. C’est en cherchant à placer ses dessins dans divers journaux de l’époque qu’il rencontre Fred, avec lequel, ainsi qu’un certain Bernier, ils créeront Hara-kiri en 1960. Et bien qu’il ait rapidement laissé ses crayons pour la plume, d’une part car il y a beaucoup de bon dessinateur sur le marché, meilleurs que lui dira-t-il, et d’autre part car il était le seul à pouvoir (et vouloir) assumer la fonction de rédacteur. Fonction essentielle pour créer un journal. Cavanna est celui qui recrute les dessinateurs, ceux qui deviendront les acteurs du renouveau du dessin de presse, parmi lesquels Wolinski ou Reiser. Au même titre que Goscinny dans Pilote, Cavanna a le génie de percevoir les grands talents en gestation et les aider à croire en eux, à se surpasser. Peut-être car se sont tout deux d’anciens dessinateurs qui n’ont pas eu cette chance…

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Son Œuvre se distingue par la richesse des genres abordés. L’autobiographie, le roman historique, la parodie, l’essai, la chronique, le billet d’humeur, l’éditorial. Sans oublier l’illustration (pour l’Aurore de l’Humanité) et la traduction de comics (Li’l Abner, Max and Moritz pour Charlie Mensuel ou plus récemment, Je ne suis pas n’importe qui de Jules Feiffer… Sa bibliographie ne compte pas moins d’une soixante-dizaine d’ouvrage, depuis 1978… 

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Les complices…

J’ai pour ma part commencé par Les Ritals, dans lequel il nous raconte son enfance heureuse avec ses parents. Fils unique d’un père italien et d’une mère nivernaise, il décrit tout en finesse les conditions de vie des immigrés de Nogent-sur-Marne, « la petite Italie ». J’ai ensuite logiquement enchainé sur Les Russkoffs, que j’ai dévoré d’une traite. C’est un témoignage unique sur la seconde guerre mondiale, vécu de l’intérieur par un jeune adolescent se retrouvant travailleur forcé à Berlin pour la STO. Son style convient à merveille pour retranscrire ses impressions de jeune homme qui, bien que confronté à l’horreur de la guerre, concerve une forme de crédulité, comme un moyen de défense. Cette écriture vivante et fraiche lui permet de tout raconter de façon authentique, sans pathos. Comme si on y était, avec lui… Les Russkoffs, c’est aussi une boulversante histoire d’amour qui, comme dans les grands classiques, bascule dans la tragédie.

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Vite devenu accro à cette prose, il m’en faut plus encore. Heureusement, dès qu’il a commencé à écrire des livres, il ne s’est plus arrêté ! J’ai enchainé sur Bête et Méchant, dans lequel il raconte comme personne, une fois encore de l’intérieur, la formidable aventure de la création d’Hara-Kiri. Une mine d’information et d’émotion unique. Un récit à la hauteur du sujet : Épique ! S’en suit Les yeux plus gros que le ventre, Maria, Et le singe devint con, De Coluche à Mitterrand (53 chroniques de Charlie Hebdo), La grande encyclopédie bête et méchante… Doses à venir : L’Œil du lapin, Lettre ouverte aux culs bénits, Maman, au secours ! (illustré par Altan), Les aventures de Napoléon, La Déesse mère

 

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Avec l’ami Fred…

 

Dès que je chine un livre de Cavanna, je le prends, sans réfléchir… J’aurai bien le temps de les lire. Et toujours l’envie, c’est clair. Bref, j’aime ce mec… « Seule la virulence de mon hétérosexualité m’a empêché à ce jour de demander Cavanna en mariage. » (Pierre Desproges)

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Auto-Cavanna

Mon Killoffer de poche – François Ayroles (l’Association, 2006)

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Mon Killoffer de poche porte bien son nom. Cette patte de mouche – des bds de poche comme on en fait plus- nous parle de Killoffer (deuzelle, deuzeffe). J’en ai à la fois dis beaucoup, et peu… Cette petite merveille « d’absurdité biographique » est le fruit de la créativité folle de François Ayroles. On découvre ici le dessinateur-fondateur de l’Association selon la vision et l’interprétation de son camarade. Killoffer vit dans un monde à part, artiste dandy et chercheur d’absolu…

Dans l’esprit du Being John Malkovitch de Jonze et Kaufman, où Malkovitch se retrouve entouré de clones parlant le « Malkovitch », le personnage principal (Killoffer donc, suivez un peu…) ne parle et ne lit que le « Killoffer ». Un logo, un slogan, un menu, une langue, une philosophie… le « Killoffer » est tout ça. C’est aussi un être humain qui fait des rêves débiles, comme tout le monde…

Et pour nous parler de Killoffer, Ayroles dessine du Killoffer, comme du Ayroles… Une superbe patte de mouche !

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