Archives pour août 2009

Goudron Plumé – Baladi (Delcourt, 1997)

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Quand on évoque la bande dessinée européenne francophone, on pense bien évidemment à la Belgique et la France, et on oubli trop souvent la Suisse. Pourtant, la bande dessinée est née en Suisse. C’est un fait avéré, tous les historiens s’accordent sur ce point : le créateur de la narration par l’image, de cette fusion caractéristique du texte et du dessin est Rodolphe Töpffer.

La bande dessinée made in Suisse ne se limite pas aux géniaux Derib, Ceppi ou Zep.  Il existe également une génération d’auteurs plus « underground » dont Baladi, Wazem (qui reprend la série Les scorpions du désert de Pratt) ou Frederik Peeters sont les figures de proue. Bon nombre de leurs albums ont été édité chez Atrabile, une maison helvétique indépendante (cousine de l’Association, Cornelius et autres Rachkam) qui édite également sa revue, Bile Noire. Revue elle-même inspirée par Sauve qui peut, la première du genre en Suisse. Atrabile, tout comme ses ainées françaises, est née plutôt d’une nécessité artistique (permettre la diffusion de jeunes auteurs) que d’une volonté purement économique. Baladi est un des premiers à avoir signé chez une grande maison d’édition, tout en restant chez des indépendants. Ce qui n’est pas incompatible…

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C’est l’histoire d’un homme qui poursuit un autre homme. L’un s’appelle « Malpoilu », l’autre « Selle-de-cheval-qui-sent-mauvais ». C’est un western halluciné et hallucinant dans un far-west qui ne ressemble a rien de connu dans le 9ème art. (Hallucinogène aussi ?) C’est une histoire sur une histoire dans une histoire. (Mais quand finit cette histoire et quand commence celle-ci ?) C’est l’imagination au pouvoir, tellement au pouvoir qu’il est impossible de résumer Goudron Plumé, inconcevable d’oser croire que l’on va pouvoir en quelques lignes aborder toutes les directions vers lesquels tend cet album, inexcusable de ne même pas essayer, inadmissible d’imaginer que vous ne vous précipitiez pas chez votre libraire préféré ne serait-ce que pour feuilleter et vous émerveiller devant cet album indicible. (du9)

Cet album n’est pas tout à fait représentatif du style de Baladi, mais nous démontre toute les richesses de son art. Un trait plus vif, plus anguleux. Un vocabulaire pictural plus proche de la gravure expressionniste (contrastes forts aux ombres prééminentes, lignes incisives…) que sa « ligne claire » actuelle, ronde et légère. D’ailleurs, son personnage « Selle-de-cheval-qui-sent-mauvais » ressemble étrangement à l’Ubu d’Alfred Jarry… Depuis quelques temps, Baladi semble prendre goût aux Plates-bandes de Menu, collection théorique (et polémique) de l’Association où des auteurs de bd commentent et critiquent leur médium, en bd… Après avoir participé au projet l’Eprouvette, il vient de sortir Encore un effort, fidèle coutela…

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Auto-Baladi…

bibliographie

Louder Than Bombs – The Smiths (Rought Trade Records, 1987)

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Plutôt que de me creuser la tête à trouver les mots justes pour décrire ce superbe album des Smiths – qui est en fait une compilation de leurs premiers singles et faces b – alors que je suis encore en vacances (vive la paresse !!!), je vous propose cette chronique dénichée sur le site Guts Of Darkness. Chronique à laquelle j’adhère complètement… Louder than Bombs est le premier disque que j’ai découvert d’eux et je n’avais pas accroché sur le coup. Je lui préférais Meat is Murder et The Queen is Dead. Mais avec le temps, c’est devenu mon album préféré des Smiths !

A la base, ‘Louder than bombs’ fut produit comme une contrepartie américaine à la compilation ‘The world won’t listen’ sortie sur le marché anglais. Vendu sous forme d’un double album, il incluait tous les singles et pratiquement toutes les faces B qui n’étaient à l’époque (1987) pas disponibles sur le territoire américain. Etant donné que le disque incluait le single ‘Sheila take a bow’ ainsi qu’une poignée d’inédits en album, ‘Louder than the bombs’ fut réclamé par le public européen et finalement édité pour lui aussi. C’est bien compréhensible car cette compilation regorge de bonnes choses, véritable démonstration du talent et des capacités des Smiths, de la pointe mélancolique du superbe ‘Rubber ring’ aux tentations punky de ‘London’, sans oublier la désinvolture désenchantée de ‘William, it was really nothing’, l’humour grinçant dissimulant un cri d’amour (‘Ask’) ou le suicidaire ‘Shakespeare’s sister’. Pas évident de se renouveler dans mes chroniques des albums de Morrissey et sa bande, leur musique appelle encore et encore les mêmes qualificatifs tant il est difficile de résister à cette pop fluide aux guitares cristallines enrichies de temps à autre de piano, d’harmonica, qui s’insinue dans les oreilles comme une brise mélancolique. La voix et les textes de Morrissey font des merveilles, les morceaux charment, serrent l’estomac de par leur tristesse, nouent la gorge de par leur profondeur et leur simplicité désabusée mais si classieuse. Qui plus est, ‘Louder than bombs’ permet de découvrir un certain nombre de chansons vraiment bonnes pas forcément présentes sur les best of; parmi elles, je retiendrais particulièrement ‘Sweet and tender hooligan’, ‘Girl afraid’, ‘Rubber ring’ ou même l’instrumental vaguement cabaret ‘Oscillate wildly’…Les Smiths, c’est une drogue dont on ne se désintoxique pas. (Twilight)

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30 Jours de Nuit – David Slade (2008)

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Restons dans le film de vampires avec 30 jours de nuit. Le vampire demeure la créature la plus récurrente du cinéma fantastique et Dracula, son représentant le plus célèbre. Le livre de Bram Stoker est l’œuvre littéraire la plus adaptée sur grand écran (allant du chef d’œuvre au gros nanar !). Difficile donc de renouveler le genre et être original avec une énième histoire de suceurs de sang.

Mais sans faire de comparaison désavantageuse, cette adaptation du roman graphique éponyme n’est pas si mauvaise que ça. J’ajouterai même que ce film renouvelle un peu le genre… Le postulat -une ville isolée d’Alaska se retrouve sans soleil durant 30 jours- est une bonne idée et un bon point de départ pour ce type d’histoire. A peine la nuit tombée, les habitants se retrouvent vite pris en chasse par une horde de prédateurs redoutables, plus redoutables que l’homme. Parabole sur la prédation, l’homme n’est plus en haut de la chaine alimentaire…

Et si les rôles sont inversés, les lieux le sont également, car cette chasse se déroule dans la ville, et non dans la nature. La ville, lieu de protection privilégié, devient aussi hostile que les grandes étendues froides qui l’entourent. Les hommes n’ont aucunes chances de survivre. On assiste donc à un massacre sanglant au cours duquel seule une petite poignée de villageois survivront, après un jeu de cache-cache intense, et au prix du sacrifice d’un des leurs (en l’occurrence le chérif, sobrement joué par Josh Hartnett). Les vampires n’ont ici rien de romantique, ni de séduisant. Ce sont des monstres (au look plutôt sympa) qui chassent pour survivre, et semblent y prendre beaucoup de plaisirs sadiques.

Les décors et lumières apportent une dimension irréelle -le rouge sang contraste fortement avec le blanc neige. La réalisation sans esbroufes (qui fait référence au western et évoque Assaut de Carpenter), sert parfaitement ce huis-clos en extérieur. Un film au rythme soutenu, sans surenchère d’effets spectaculaires. Ce qui est appréciable aux vues de la tendance actuelle dans le cinéma d’horreur…

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Vampyr ou L’Etrange Aventure de David Gray (Carl-Theodor Dreyer, 1932)

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Vampyr est un chef d’œuvre du septième art qui, avec Nosferatu de Murneau et Dracula de Tod Browning, forme le triptyque parfait du film de vampire. Il fut longtemps resté invisible dans sa forme définitive car de nombreuses bandes furent coupées et perdues. Le montage de cette nouvelle version, qui tient compte des indications posthumes laissées par le réalisateur, fut effectué par la cinémathèque française.

Chacun des plans, des cadrages, sont d’une rare beauté. Le travail du son associé aux contrastes forts des images, aux effets spéciaux (surimpressions, ralentis) renforce la dimension onirique de l’histoire, dans laquelle on ne sait jamais quel est la part de réel des événements vécus par le personnage principal. Une pure merveille d’esthétisme, emplie d’images et de séquences fortes (le mouvement inversé d’un homme creusant une tombe, le passeur avec sa faux, David qui se voit dans son propre cercueil, etc.) depuis longtemps ancrées dans (ou tirées de ?) notre inconscient collectif.

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Vampyr semble hanté par l’immatérialité des images cinématographiques. Dreyer fait ainsi montre d’une virtuosité technique et d’un goût du trucage qu’on ne retrouvera dans aucun de ses autres films : images d’extérieur surexposées et voilées, intérieurs très contrastés, ombres mouvantes, surimpressions, images défilant à l’envers, ce luxe d’effets contribue à créer l’atmosphère angoissante propre au récit fantastique en même temps qu’il invite à une réflexion sur la nature des images et leur complicité avec la mort. Le film restera ainsi célèbre pour cette séquence d’une rare audace où la caméra filme un enterrement en adoptant le point de vue du mort. (Wikipedia)

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Librement adapté d’une nouvelle de Sheridan Le Fanu, Vampyr ou l’étrange aventure de David Gray nous raconte l’histoire d’un jeune homme qui s’installe un soir dans l’auberge du village de Courtempierre. Pendant la nuit, un vieillard lui rend visite pour lui demander de l’aide car sa fille est malade, et lui confie une enveloppe à n’ouvrir qu’après sa mort. David répond à son appel et se rend au château du vieil homme et de ses deux filles (Gisèle et Léone, cette dernière étant malade) guidé par d’étranges ombres. Il arrive trop tard pour sauver le vieil homme qui meurt sous ses yeux. Il réconforte de son mieux Gisèle puis ouvre le paquet, qui contient un livre expliquant les méfaits des vampires et le moyen d’y remédier. Dans l’entrefaite, Léone à quitté son lit de malade…

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Après La passion de Jeanne D’Arc, succès critique mais demi-échec commercial, Carl Dreyer entreprend son premier film parlant. Il devient son propre producteur, aidé par les capitaux d’un jeune mécène hollandais, le baron de Gunzburg qui sera l’interprète du personnage principal, David Gray (Allan Gray dans la version allemande). Vampyr fut tourné en France, principalement à Courtempierre, près de Montargis, sans son synchrone, puis synchronisé ultérieurement à Berlin en trois langues (allemand, français et anglais). Dreyer tira un parti extrêmement intéressant des effets sonores étroitement mélangés aux dialogues et à l’excellente partition musicale de Wolfgang Zeller. Peu de films donnent un tel sentiment d’étrangeté et d’inquiétude. Même s’il n’est pas toujours retenu par les tenants du genre en raison même de sa marginalité, Vampyr est un grand classique du cinéma fantastique. (80 Grands Succès du Cinéma Fantastique)

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Je connaissais Vampyr de référence depuis longtemps, mais je n’ai eu l’occasion de voir (et revoir) ce chef d’œuvre que depuis peu, sur Ciné FX, LA chaine des amateurs de cinéma fantastique !

BYE-BYE BUSH – Collectif (Dargaud,2009)

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J’aime bien les ouvrages collectifs. Avoir plusieurs auteurs de qualité dans un même album est toujours sympathique. De plus, j’affectionne les histoires courtes, le format « nouvelle ». Ce type d’ouvrage permet parfois de découvrir de nouveaux talents ou une autre facette de l’univers d’un auteur. Mais encore faut-il que le sujet soit à la hauteur. Que ce collectif ait du sens et de par son sujet, et dans le choix des auteurs.

Traiter du départ de Georges W. Bush, après ses huit années de règne, n’est certes pas une idée très originale, mais non moins intéressante. Un album auquel ne participent que des grands dessinateurs de presse et de bandes dessinées. D’ailleurs, tous les grands mensuels et hebdomadaires humoristiques y sont représentés : Charlie Hebdo avec Charb, Luz et Jul, l’Echo des savanes avec Vuillemin, Ivan Brun et Nix (qu’on retrouve aussi dans Le Strip), Fluide Glacial avec Clarke, Thiriet et Bercovici, Siné Hebdo avec Aranega et Malingrey et même des anciens de Ferraille Illustré tels que Mathieu Sapin, Bouzard (qui collabore également au Psikopat) ou Emile Bravo. Bref, tous les courants de l’humour dessiné sont présents, ce qui nous démontre qu’au-delà de certaines querelles, il n’y a pas de clivage. Ces auteurs collaborent ensemble autour d’un sujet fédérateur.

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Charb…

Charb, avec son humour toujours aussi acide, met en scène deux anciens baba-cool qui dissertent sur les dernières élections américaines : Obama, pas Obama, qu’est-ce que ça change ?

Clarke nous montre le grand nettoyage de la maison blanche après le départ de « Debeuliou ». Et il y a du boulot pour tout ranger et faire disparaître certains dossiers gênants !

Ivan Brun nous démontre qu’il n’est pas bon être un vétéran blessé de la deuxième guerre du golfe sous le mandat de Bush. Brun est égal à lui-même, trash et sans concessions.

Diego Aranega nous donne un cours de politique très intéressant, par l’intermédiaire d’un dialogue entre un maitre zen et son disciple. A base de métaphore et de beaucoup d’absurde.

Jul lui, imagine un nouveau type d’élection où le président des états unis serait élu en fonction du poids des électeurs. A priori, à l’avantage des conservateurs…

Emile bravo retranscrit le monde politique des USA à l’échelle d’un village du Far West. « Debeuliou » est le chérif sur le départ, qui veut mettre à sa place le vieil Old Timer Mc Cain. Mais c’est sans compter sur l’institutrice Hillary Clinton et son esclave de service, Obama. Les peaux-rouges sont bien évidemment, les islamistes.  

Vuillemin, avec son style et son humour impérissables, nous parle du dernier checkpoint avant élection, où deux soldats se demandent quelle serait la meilleure chose pour eux, entre Mc Cain et Obama…

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Jul…

Nix nous propose deux petits jeux : retrouver quel animal ne disparaîtra pas après le réchauffement climatique ? Et où est Ben Laden ? Deux planches remarquables.

Thiriet (au scénario) et Bercovici nous démontre par l’absurde le crétinisme du créationnisme.

Remarquables également sont les deux planches de Bouzard, qui avec son style expressionniste inimitable, nous montre un Bush confronté à ses fantômes.

Expressionniste aussi le dessin de Luz, plus qu’à l’accoutumé. Il nous raconte (en VO sous-titré) le retour de « Debeuliou » au ranch familial, où l’attendent de pied ferme ses parents.

Mathsap, avec son humour décalé, nous parle de Bush qui fait appel à Nourredine, un conseillé en communication, afin de redorer son image et d’en faire quelqu’un de sympa. Mission quasi impossible, sans un bretzel…

Le surréaliste Malingrëy se réjouit, à sa manière, du départ de Bush Junior…

Bye Bye Bush est un album bien sympathique, un recueil riche et varié dans lequel tous ces auteurs de qualité nous proposent un humour de qualité. Tout en nous faisant réfléchir un peu aussi…

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Nix…

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