Quand on évoque la bande dessinée européenne francophone, on pense bien évidemment à la Belgique et la France, et on oubli trop souvent la Suisse. Pourtant, la bande dessinée est née en Suisse. C’est un fait avéré, tous les historiens s’accordent sur ce point : le créateur de la narration par l’image, de cette fusion caractéristique du texte et du dessin est Rodolphe Töpffer.
La bande dessinée made in Suisse ne se limite pas aux géniaux Derib, Ceppi ou Zep. Il existe également une génération d’auteurs plus « underground » dont Baladi, Wazem (qui reprend la série Les scorpions du désert de Pratt) ou Frederik Peeters sont les figures de proue. Bon nombre de leurs albums ont été édité chez Atrabile, une maison helvétique indépendante (cousine de l’Association, Cornelius et autres Rachkam) qui édite également sa revue, Bile Noire. Revue elle-même inspirée par Sauve qui peut, la première du genre en Suisse. Atrabile, tout comme ses ainées françaises, est née plutôt d’une nécessité artistique (permettre la diffusion de jeunes auteurs) que d’une volonté purement économique. Baladi est un des premiers à avoir signé chez une grande maison d’édition, tout en restant chez des indépendants. Ce qui n’est pas incompatible…
C’est l’histoire d’un homme qui poursuit un autre homme. L’un s’appelle « Malpoilu », l’autre « Selle-de-cheval-qui-sent-mauvais ». C’est un western halluciné et hallucinant dans un far-west qui ne ressemble a rien de connu dans le 9ème art. (Hallucinogène aussi ?) C’est une histoire sur une histoire dans une histoire. (Mais quand finit cette histoire et quand commence celle-ci ?) C’est l’imagination au pouvoir, tellement au pouvoir qu’il est impossible de résumer Goudron Plumé, inconcevable d’oser croire que l’on va pouvoir en quelques lignes aborder toutes les directions vers lesquels tend cet album, inexcusable de ne même pas essayer, inadmissible d’imaginer que vous ne vous précipitiez pas chez votre libraire préféré ne serait-ce que pour feuilleter et vous émerveiller devant cet album indicible. (du9)
Cet album n’est pas tout à fait représentatif du style de Baladi, mais nous démontre toute les richesses de son art. Un trait plus vif, plus anguleux. Un vocabulaire pictural plus proche de la gravure expressionniste (contrastes forts aux ombres prééminentes, lignes incisives…) que sa « ligne claire » actuelle, ronde et légère. D’ailleurs, son personnage « Selle-de-cheval-qui-sent-mauvais » ressemble étrangement à l’Ubu d’Alfred Jarry… Depuis quelques temps, Baladi semble prendre goût aux Plates-bandes de Menu, collection théorique (et polémique) de l’Association où des auteurs de bd commentent et critiquent leur médium, en bd… Après avoir participé au projet l’Eprouvette, il vient de sortir Encore un effort, fidèle coutela…
Auto-Baladi…
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