C’est marrant, mais à chaque fois que je veux faire découvrir un album de Depeche Mode, je choisi toujours Ultra… C’est un album incroyable, inespéré pour le fan critique que je suis… Leur meilleur album, leur chef d’œuvre…
J’y retrouve l’alchimie toute particulière du « son DM ». Des chansons bien sur, avec le traditionnel « couplet-pont-refrain » qui nous démontre (s’il fallait encore le démontrer) les grandes qualités d’écriture de Martin.L.Gore. Ses thèmes de prédilection sont bien présents (la quête, la rédemption, amours perdus, impossibles…). Des ambiances toujours aussi sombres, mais cette fois-ci plus matures, plus assumées, moins « fabriquées ». La voie de Dave Gahan possède plus d’ampleur, d’épaisseur. Martin Gore (qui chante de façon plus technique que Dave, qui est plutôt instinctif) interprète ici les deux chansons qui sont à mon avis ses meilleurs jamais écrites pour lui-même : Home et The Bottom Line.
La production de Tim Simenon est remarquable, ce qui est une gageure tant il est plutôt difficile de passer après Alan Wilder et d’arriver à conserver l’identité sonore du groupe. C’est d’ailleurs ce que j’aime dans cet album, la qualité du son. Entre des lignes de basses profondes, très Trip Hop, des guitares mélodiques ou incisives, une rythmique organique (fini la boite à rythme)… L’habillage sonore (qui se dévoile au fil des écoutes) apporte une richesse incroyable à des chansons charnelles, incarnées comme jamais. Toujours cet équilibre entre le chaud et le froid, l’ombre et la lumière, l’intime et l’universel, le super-produit et l’authenticité…
Barrell of a gun, premier morceau et première claque ! Enfin le single qu’aucun fan de rock ne peut critiquer. Ni les fans de DM of course… Une intensité à pleurer, une puissance à hurler. Chanson de la résurrection, aux paroles explicites (« Whatever I’ve done, I’ve been staring down the barrel of a gun…« ). Dave Gahan n’écrivait pas encore de texte pour DM, mais il aurait pu écrire cette chanson au mot prêt. The love thieves est magnifique, une de mes chansons préférées du groupe. Un morceau à la structure classique, qui prend le temps d’installer une ambiance intime, dont l’intensité dramatique monte crescendo… Morceau typique des albums de DM. Home est une pur merveille. La plus belle des chansons de Martin et de fait, son plus beau single. It’s no good est à prendre au second degré, comme une auto-parodie. DM imite le DM faiseur de tube des années 80. Une chanson électro-pop pour club de dance, lourde de sens et bien moins naïve qu’elle n’y parait. Uselink est un instrumental, un intermède musical qui devient une tradition depuis Music for the Masses. Useless est imparable et ne pouvait que finir en single. Une chanson qui nous démontre une bonne fois pour toute (comme s’il fallait le confirmer) que la structure « guitare-basse-batterie » a toute sa place dans l’univers modien…
La face b de cet album (qui fut sorti aussi en vynil) est remarquable et difficilement racontable, tant les chefs d’œuvre s’y succèdent. Entre le mélancolique Sister of night (qui fini en apothéose), l’instrumental Jazz thieves, le bluesy Freetaste, le gospel de The bottom line ou le classicisme d’Insight. Toute la palette de leurs influences s’y trouve transcendée comme jamais…
Un album nocturne, qui s’inscrit dans la continuité logique de la direction prise par les deux précédents (Violator et SOFAD). Ultra est un album rock, aux influences assumées, qui a définitivement installé DM au panthéon des groupes phares des années 90. On est loin de l’image de garçons coiffeurs des années 80. Synthèse parfaite de leurs albums antérieurs, entre Pop-sombre et électro-rock. L’apogée de leur discographie…
Je voulais en faire un article courant mois d’août, mais tu m’a brillamment devancé. Tu es Martin et je suis Dave, j’aurai aimé écrire ces phrases au mot près Bel article Mitch. Il va finir là où tu sais bientôt…
Merci frangin ! Parti dans l’idée de chroniquer des albums indispensables (après Pavement et dEUS), il me paru évident de parler d’Ultra…
Cher monsieur,
Comment expliquez vous , compte tenu des qualites de cet album, que DM prefere » violator » et que pensez vous vous meme de celui ci que je ne connais pas ?
Amicalement
Cher monsieur Simon Vidocq,
Si Violator est l’album préféré des membres du groupe, c’est certainement parce qu’il l’installe unanimement comme un groupe majeur, qui entre de plein pied dans les années 90. C’est un magnifique album (qui comprend certaines de leurs plus belles chansons) qui malgré tout reste marqué par le son des eighties. Si le groupe le considère comme leur meilleur, c’est peut-être parce qu’il fut leur meilleur souvenir de studio. Peut -être aussi car c’est le meilleur album de leur formation pricipale; avec Alan Wilder…
Bien à vous.
Petite précision : L’album préféré de Martin Gore est « Ultra » qui le considère à juste titre comme leur meilleur avec « Violator ».