On a assisté durant ces années 2000 à un « déclivage » des musiques populaires (qu’on peut aussi qualifier du terme générique de Rock). Depuis les années 50, chaque décennie aura vu des styles et des courants dominants, s’opposant, alternant (et revenants) au fil des années.
Pour schématiser : les années 50 ont eu les Mods contre les Rockers. Les années 60, la Pop, le Rock Psychédélique, les folkleux… Les années 70 : le Hard contre le Reggae ou la Disco contre le Punk. Durant les années 80, la pop synthétique contre la New Wave, le Prog contre les alternatifs. Les années 90, le retour du Rock opposé au Rap, opposé à la techno…
Mais durant ces années 90, apparaîssent aussi des artistes qui mélangent sans aucuns complexes ces diverses influences (et d’autres). Tous les Beck, Beastie Boys, Radiohead ou autres Massive Attack ont amorcé ce qui me semble être la grande originalité de ces années 2000, à savoir décloisonner les genres. Recycler toutes ces influences pour créer son propre style… Il n’y a plus de genre dominant (même s’il reste toujours des grandes tendances).
Zach Condon (à gauche) et son frère pour le Pompeii EP…
Beirut est à ce titre pour moi l’artiste emblématique de ces années 2000. Groupe d’un seul homme, Zach Condon (chant, ukulélé, trompette, accordéon, batterie…) fait aussi bien appel aux musiques actuelles qu’aux musiques traditionnelles, aux musiques occidentales (pop, folk, electro…) qu’aux musiques d’ailleurs (tsigane, latino, jazz New Orleans…). Il digère toutes ces influences avec une facilité déconcertante, et sait les utiliser de façon cohérente, afin de servir au mieux ses chansons. Et ce n’est pas pour en cacher la médiocrité, au contraire. Ces références enrichissent et donnent du corps à son remarquable song-writing.
Un artiste décomplexé, découvert avec son album The Flying Club Cup (grâce à l’ami Bruce), Beirut vient de sortir le superbe March Of The Zapotec/Holland EP. Sorte de double album dont la première partie sonne comme le Beirut de Gulag Orkestar, fanfare tsigane en avant. La deuxième sonne plutôt comme le Beirut du Pompei EP : electro pop intimiste (celui que je préfère)… On retrouve donc ici les deux pôles de la planète Beirut : Orchestral et Minimal. Un univers riche et foisonnant…Son chant alterne entre envolée lyrique et voie basse très New Wave. Ce qui contribue à la diversité de sa musique.
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La chanson The Concubine est un très bon exemple. Ca commence par une ritournelle à l’accordéon (façon générique des Deschiens), à laquelle se rajoute trois notes joués à la sonnette de vélo, appuyés par une trompette, suivi d’un rythme basse-batterie très hip-hop. Arrive alors Condon avec une mélodie et un son de voie très new-wave (genre Talking Head). Le tout saupoudré d’une ou deux couches de synthé cheap. Et ça donne une superbe chanson de Beirut… Zach Condon, l’artiste rock des années 2000 ? Assurément…
He bien voilà une découverte qui a fait ma soirée !
J’avais entendu Nantes, mais sans faire attention au nom du groupe. C’est très jouissif à écouter en dessinant, merci de contribuer à améliorer mes longues soirées à ma planche !
De rien Lionel ! heureux de t’avoir fait découvrir cet artiste génial.
Merci pour ce petit mot et tu repasses quand tu veux !
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