Archives pour juin 2009

DEDICACES…

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JC Menu et Thiriet dans L’Eprouvette n°1

Je ne suis pas un « dédicalcoolique ». Je ne me rends pas à un salon ou un festival uniquement pour obtenir LA dédicace de mon auteur fétiche ou pire encore, faire gonfler la côte de mon édition originale. Je ne fais pas 3 heures de queue pour avoir un échange informel de 5 minutes maxi avec un dessinateur. Je me balade, découvre, profite des expositions, fait quelques achats quand je chine une rareté ou un ouvrage difficilement trouvable et éventuellement, je repars avec une dédicace…

Il faut être honnête et reconnaître que même si le principe de la dédicace est discutable (je vous incite fortement à lire le dossier complet « critique de la dédicace » dans l’Eprouvette n°1) ça me fait toujours plaisir de rencontrer un auteur que j’apprécie, et repartir avec un dessin ou une bafouille de ce dernier. Mais seulement quand l’opportunité se présente. Je ne vais pas forcer les choses…

Là en l’occurrence, je savais que Cabu était invité au Salon du Livre. J’avais au cas où ramené un vieil album du grand Duduche (série bête et méchant de 1973). Et c’est parce qu’il n’y avait que trois personnes devant moi que j’ai patienté pour avoir une dédicace. J’ai attendu 15 minutes maxi avant cette brève rencontre.

D’abord, Cabu est aussi gentil qu’on le dit. Il n’est pas blasé du tout et prend le temps d’échanger quelques mots. Il ne fait pas de dédicace préfabriqué (genre toujours le même dessin où seul le nom change) mais une caricature de la personne qu’il a en face de lui. Quand je lui présente le Duduche, il est étonné de voir qu’on peut encore le trouver. Il me demande de qu’elle année il est, je lui répond 1973. Je n’étais même pas né ! Il me regarde en souriant et je m’excuse de le renvoyer à son grand âge. Echange de rires… C’est donc en 4-5 coups d’œil et quelques traits qu’il me croque devant une pile de livre. Je lui dis que ça ressemble à ma bibliothèque, au grand dam de ma femme. Il me dit que chez lui c’est pareil et que sa femme s’en plaint également. Je lui demande s’il peut me mettre aux cotés du Grand Duduche, ce qu’il fait en quelques secondes et voilà ! Un bon moment, merci m’sieur Cabu !

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Au festival BD de Darnetal d’octobre 2005, étaient entre autres présents Willem et Frémion. Cette dédicace de Willem est la seule que j’ai vraiment cherché à obtenir. Une bonne demi-heure d’attente et quand arrive mon tour, Willem commence à ranger ses stylos pour faire une pause. J’était accompagné de l’ami N’alex qui espérait également avoir une gribouille du grand Willem. On le prie donc de bien vouloir nous faire un dessin. Je vois dans son regard qu’il aimerait bien faire un break, mais accepte tout de même. Quand je vois le résultat, je ne peux  m’empêcher d’y voir une allégorie de cette situation, et nous reconnaître dans ces deux personnages…

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Frémion lui était seul à son stand. Hallucinant, personne ne semble connaître cet immense auteur (écrivain, chroniqueur, éditeur, biographe (de Reiser entre autres…) Je vais le voir et lui achète deux petit recueils édités à compte d’auteur (il m’explique que ces sont des commandes pour des conférences): L’absurde dans la BD et Le fois Gras dans la BD. Je lui avoue dévorer Fluide depuis longtemps mais qu’étant plus jeune, je ne le lisais jamais. Je préférais les bds de ses camarades, alors que maintenant, je suis un inconditionnel de ses rubriques. Il me remercie de lui rappeler qu’il n’est plus tout jeune (décidemment, j’ai le chic !) et m’écrit ce petit mot sympa…

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Il y avait d’autres dessinateurs de l’équipe Fluide, Relom (qui partait au moment que j’allais lui demander un dessin) ou Pourquié. J’ai eu le temps d’avoir une autre dédicace, celle de Jampur Fraize (qui édite chez Les Requins Marteaux et dessine dans le Psiko…) un dessinateur dont j’aime bien le style. Pareil, il était tout seul et a pris le temps de me faire un dessin bien sympathique…

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Je ne suis pas dédicalcoolique, mais j’ai plaisir à vous montrer ces quelques dédicaces, et d’avoir pu croiser ces auteurs…

[REC] – Paco Plaza & Jaume Balagueró (2008)

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En l’espace d’un an, on a eu droit à trois films usant du procédé de la caméra subjective : Diary of the dead, Cloverfield et [rec]. Un manière de filmer initié par le flippant Blair Witch Project (un de mes films fantastiques préférés), mais il faut rendre à César ce qui lui appartient, c’est le réalisateur Ruggero Deodato qui a crée cette manière particulière de filmer avec son Cannibal Holocaust. Une narration en temps réel dans laquelle les protagonistes filment ce qu’ils sont en train de vivre (et vont même jusqu’à faire le montage eux-même dans Diary of the dead). Pour justifier le fait d’avoir des caméras, les personnages sont soit des journalistes, des apprentis réalisateurs ou des particuliers ayant leur caméra DV.

Il n’y a plus « l’œil du réalisateur », seulement un travail de montage. Ces films « caméra à l’épaule » ne cache pas l’envers du décors, l’aspect technique de la réalisation (prises de son, lumières, cadrage… Les personnages sont acteurs et réalisateurs de l’histoire qu’ils vivent. Cela créé une mise en abîme intéressante, un dynamisme nouveau (certains sont même limite irregardables tant la camera est constamment en mouvement) et une réflexion sur ce qu’est la réalité (filmer un événement est-ce le vivre ?)   

J’ai vu dernièrement [rec] en me disant qu’il n’y allait rien avoir d’original tant ce procédé commence à être éculé. Heureusement, je ne connaissais pas l’histoire, et l’avantage de ce genre de narration, c’est que rien n’est exposé à l’avance. On découvre les événements en même temps que les personnages, ce qui a pour effet de nous impliquer émotionnellement dans l’histoire.

Une journaliste et son cameraman font un reportage sur une caserne de pompiers. Le but est de vivre 24 heures aux cotés de ces héros modernes. Ils suivent donc une équipe qui intervient dans un immeuble où a priori une vieille dame aurait appelé les secours. C’est à partir de là que rien ne va plus, quand les autorités bloquent toutes les sorties et les mets tous en quarantaine… Un énième film de ce genre qui m’a bien bluffé, grâce à cette caméra à l’épaule qui dynamise totalement cette histoire en huit clos. La forme n’est pas gratuite et complète parfaitement le fond de l’histoire : on peut comparer cette caméra qui s’immisce dans l’intimité des gens à un virus contaminant un organisme… Ce qui fait de ce petit film une réussite du genre.

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Le retour de Dieu – Collectif (Histoires graphiques, éditions Autrement, 1994)

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Mathieu.

Une bande dessinée qui aborde le thème du retour de Dieu peut paraître, au premier abord, un coup marketing de la part de certains cultes religieux. Pour un athée comme moi, voir son médium préféré utilisé à des fins prosélytes a de quoi agacer au plus haut point. Mais quand je lis le nom des auteurs qui ont planché sur le sujet, me voilà rassuré. Je saute dessus les yeux fermés (pas trop quand même car pour lire, c’est un peu embêtant).

Superman est mort. Et si Dieu revenait ? Du God’s club de Gotlib à Sacré Jesus de Tronchet, la bande dessinée n’a pas toujours montré beaucoup de révérence pour le divin. D’aucuns n’auraient sans doute pas hésité à intituler ce livre de manière plus hollywoodienne : Dieu, le retour. (Thierry Groenstreen en préface)

David B nous raconte l’histoire du Messie discret. Le messie juif plus précisément qui, rencontré dans une bijouterie, lui répare sa montre. S’en suit une discussion dans laquelle on en apprend un peu sur la religion juive, ses mythes fondateurs… Athée, David B nous raconte aussi quelques anecdotes qu’il a pu vivre avec des personnes de confession juive.

François Ayroles, dont c’est une de ses premières publications, aborde avec un humour absurde le thème des sectes et de la télé-évangélisation. Une bande que n’aurai pas renier un Goossens, ni dans sa forme, ni dans son contenu. On y reconnaît déjà le style particulier (mais pas encore abouti) de l’auteur d’Incertain Silence.

JC Menu nous entraîne lui dans le monastère perdu du Mont-Vérité et pose la question fondamentale (qui est le fil rouge de cet album) : si Dieu revenait parmi nous, le reconnaîtrions-nous ? Si jeune Mabuse, c’est la première excursion de Menu au Mont-Vérité. Il y retournera souvent (encore l’année dernière pour une Patte de Mouche).

Mattotti nous propose une histoire intitulée Stigmates, qui nous raconte les déboires d’un clochard alcoolique qui se retrouve un beau jour avec deux des cinq stigmates christiques sur les mains. Cette nouvelle peut être vue comme une ébauche de l’album éponyme qu’il sortira en 1998 avec la complicité de l’écrivain Claudio Piersanti.

Marc-Antoine Mathieu (le seul que je ne connaissais pas) nous présente L’ascension, une histoire inspirée d’une nouvelle de Jorge Luis Borges L’Approche d’Almothasim. Un homme (qui n’a pas de nom) travaillant à l’enfer – le lieu où sont brûlés les livres apocryphes, erronés ou blasphématoires - cherche à atteindre le niveau le plus élevé de la cathédrale, afin de se rapprocher de Dieu. Une allégorie sur la quête spirituelle.

Toutes ces histoires sont en noir et blanc, du plus épuré (Ayroles) au plus contrasté (Mathieu, Menu, David B) en passant par le trait expressif de Mattotti. Un beau recueil. 

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David B.

March Of The Zapotec And RealPeople Holland – Beirut (Pompeii records)

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On a assisté durant ces années 2000 à un « déclivage » des musiques populaires (qu’on peut aussi qualifier du terme générique de Rock). Depuis les années 50, chaque décennie aura vu des styles et des courants dominants, s’opposant, alternant (et revenants) au fil des années.

Pour schématiser : les années 50 ont eu les Mods contre les Rockers. Les années 60, la Pop, le Rock Psychédélique, les folkleux… Les années 70 : le Hard contre le Reggae ou la Disco contre le Punk. Durant les années 80, la pop synthétique contre la New Wave, le Prog contre les alternatifs. Les années 90, le retour du Rock opposé au Rap, opposé à la techno…

Mais durant ces années 90, apparaîssent aussi des artistes qui mélangent sans aucuns complexes ces diverses influences (et d’autres). Tous les Beck, Beastie Boys, Radiohead ou autres Massive Attack ont amorcé ce qui me semble être la grande originalité de ces années 2000, à savoir décloisonner les genres. Recycler toutes ces influences pour créer son propre style… Il n’y a plus de genre dominant (même s’il reste toujours des grandes tendances).

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Zach Condon (à gauche) et son frère pour le Pompeii EP…

Beirut est à ce titre pour moi l’artiste emblématique de ces années 2000. Groupe d’un seul homme, Zach Condon (chant, ukulélé, trompette, accordéon, batterie…) fait aussi bien appel aux musiques actuelles qu’aux musiques traditionnelles, aux musiques occidentales (pop, folk, electro…) qu’aux musiques d’ailleurs (tsigane, latino, jazz New Orleans…). Il digère toutes ces influences avec une facilité déconcertante, et sait les utiliser de façon cohérente, afin de servir au mieux ses chansons. Et ce n’est pas pour en cacher la médiocrité, au contraire. Ces références enrichissent et donnent du corps à son remarquable song-writing.

Un artiste décomplexé, découvert avec son album The Flying Club Cup (grâce à l’ami Bruce), Beirut vient de sortir le superbe March Of The Zapotec/Holland EP. Sorte de double album dont la première partie sonne comme le Beirut de Gulag Orkestar, fanfare tsigane en avant. La deuxième sonne plutôt comme le Beirut du Pompei EP : electro pop intimiste (celui que je préfère)… On retrouve donc ici les deux pôles de la planète Beirut : Orchestral et Minimal. Un univers riche et foisonnant…Son chant alterne entre envolée lyrique et voie basse très New Wave. Ce qui contribue à la diversité de sa musique. 

http://www.dailymotion.com/video/x9lvy8

La chanson The Concubine est un très bon exemple. Ca commence par une ritournelle à l’accordéon (façon générique des Deschiens), à laquelle se rajoute trois notes joués à la sonnette de vélo, appuyés par une trompette, suivi d’un rythme basse-batterie très hip-hop. Arrive alors Condon avec une mélodie et un son de voie très new-wave (genre Talking Head). Le tout saupoudré d’une ou deux couches de synthé cheap. Et ça donne une superbe chanson de Beirut… Zach Condon, l’artiste rock des années 2000 ? Assurément…

http://www.beirutband.com/

INSOMNIE & 32 HISTOIRES – Adrian Tomine (Delcourt,2008 / Le Seuil, 2004)

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La bande dessinée made in US, ça n’est pas que du comics de super-héros. C’est aussi (et heureusement) une bd plus intimiste, plus proche de la notion d’auteur à l’européenne. Sans oublier l’importance de l’Underground ou du Graphic Novel, les bandes de Tomine paraissent influencées par la BD européenne, la ligne claire en particulier. Elles n’en restent pas moins ancrées dans la culture américaine : ses quartiers résidentiels, ses villes de banlieue avec ses fast-food, ses snacks, ses supermarchés, ses bagnoles…

Tomine s’attarde sur les difficultés relationnelles d’une génération en décalage par rapport au monde qui l’entoure. Proche de l’univers d’un Burns ou d’un Clowes, il nous emmène sans en avoir l’air, vers les territoires du polar, du sordide, du fantastique, sans jamais y entrer vraiment. Des situations toujours sur le fil du rasoir…

Ses nouvelles nous parlent de l’incommunicabilité entre les êtres, des problèmes d’intégration. Sans aucun jugement, il nous dresse des portraits de gens qui n’arrivent pas à exprimer leurs sentiments. Des gens à limite de la pathologie mentale et sociale, mais avant tout attachants, fragiles, humains…

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Insomie, est un recueil qui porte bien son nom. Ces histoires de trentenaires provinciaux se déroulent souvent la nuit. Il y aborde son thème de prédilection : la solitude de personnes incapables de s’intéresser aux autres…

32 Histoires regroupe toutes ses planches parues à l’époque dans son fanzine Optic Nerve. On y découvre un auteur en train de chercher (et trouver) son style. Un auteur adepte de l’auto-fiction, qui n’hésite pas à raconter certaines de ses histoires vécues sous les traits d’une femme.

Ses meilleures histoires sont les plus courtes. En une, deux ou trois pages maxi, il sait nous dépeindre une ambiance, nous décrire une situation. Un auteur qui implique le lecteur dans la narration, l’obligeant à combler les vides, à imaginer le début et la suite de l’histoire… Tout en impressions, en intuition, en finesse. A ce titre, sa nouvelle Traces est un véritable bijoux !

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Ses deux ouvrages nous permettent de constater que Tomine est depuis longtemps arrivé à maturité, maîtrisant pleinement son mode d’expression, aussi bien au niveau du style (entre expressionnisme et manga) que de la narration. Un auteur remarquable…

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