Après la Chine et la Corée du Nord, Guy Delisle et sa petite famille s’installent cette fois-ci au Myanmar (nom officiel de la Birmanie), toujours pour raisons professionnelles, sa femme est en mission sur place pour Médecins Sans Frontières.
Delisle nous décrit son installation, sa vie quotidienne de père au foyer, sa découverte des us et coutumes locales… Bien qu’ils soient à l’autre bout du monde (dans un pays plutôt instable), ils vivent à l’occidentale (achat d’ordinateur, soirée cocktail à l’Australian club, réunions de parents d’élèves… Ils font parti de la communauté occidentale de la ville, mais on en apprend tout de même beaucoup sur la situation politique et sociale du pays.
Sans exotisme ni sensationnalisme, Delisle aborde tous les événements avec la même distance. Les tracas de la vie quotidienne, la joie d’observer les progrès de son fils, le dégoût suscité par la visite d’une léproserie, l’émerveillement et la peur lors d’un voyage en zone contrôlée, ses inquiétudes pour un de ses élèves (il donne des cours de dessin)… Toutes ces émotions sont rapportées avec la même intensité, sans ordre d’importance. C’est la grande originalité de ce carnet de voyage à la première personne, il n’y a pas de hiérarchie entre les événements vécus. Tout est raconté sur le même plan.
Delisle maîtrise parfaitement le médium BD. Sa narration est fluide, sans temps morts ni longueurs. Ces séquences muettes, dans lesquelles il s’impose une structure de page en gaufrier, sont remarquables. Ses gammes de gris sont superbes, notamment les scènes de nuit. Son dessin (quasi humoristique) me plait un peu moins, trop stylisé. Surtout les décors. Ni trop réaliste, ni trop simplifié, son graphisme colle cependant parfaitement avec son point de vue, ni trop impliqué, ni trop détaché. Delisle nous raconte simplement ses impressions sur ce qu’il vit au jour le jour. Il n’exprime que rarement ses sentiments profonds et ne porte que peu de jugements de valeurs sur ce qu’il observe. Il fait preuve d’une certaine neutralité, ce qui lui permet d’aborder tous les événements avec un maximum d’objectivité.
Ce point de vue plutôt neutre fait que j’adhère moyennement à son récit (je préfère la subjectivité d’une Satrapi ou d’un Menu). On survole ses aventures mais on n’y est pas émotionnellement impliqué. Divertissant, intéressant, mais pas transcendant… Même si je n’ai pas eu le «coup de coeur», je lirai volontiers ses autres aventures…
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