Archives pour avril 2009



A NEW TIDE – Gomez (ATO Records, 2009)

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3 ans sans nouvelles de Gomez, ce n’est pas dans leurs habitudes. Leur dernier disque, la compilation Five Men in a Hut est sortie en octobre 2006. A New Tide est lui sorti fin Mars 2009. Mais qu’ont-ils fait entre temps ? En plus de créer et produire de nouvelles chansons, ils ont cherché une autre maison de disques, suite au démantèlement de la filiale Hut par Virgin. Ce dernier Gomez sort donc sur le label new-yorkais AOT Records. C’est quelque part une bonne nouvelle de les savoir sur un petit label indé. Ca colle bien avec leur image et leur démarche artistique… Comme le dit très bien Matthieu Grunfeld de Magic, Gomez, c’est une formule immuable : « un sens communicatif du bonheur de jouer collectif, (des) voix à tomber (…) et une énergie qui emporte l’adhésion en dépit de toutes les imperfections de chansons parfois bancales ».

A New Tide s’inscrit dans la même lignée que ses prédécesseurs : un mélange entre influences britanniques (mélodies Pop sur Lost Track ou Other Plan) et américaines (ambiances folk-blues de Little Piece ou jazzy sur If I Ask You Nicely…). Un équilibre réussi entre morceau d’ambiance (Bone Tired) et chansons rythmées (Airtream Driver). Toujours cette impression d’intemporalité ! Des chansons comme Mix, Win Park Slope ou Natural Selection pourraient figurer sur leurs autres albums. Au jeu des références, Gomez semble être inspiré par… Gomez. C’est pourquoi je suis à chaque fois content de les retrouver (avec toujours de superbes pochettes). C’est comme quand je revois une fois par an des amis lointains. Je suis heureux de constater qu’ils évoluent, mais ne changent pas ! Et qu’ont ait encore de bons moments à partager…

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WATCHMEN – Zack Snyder (2009) / THE DARK KNIGHT – Christopher Nolan (2008)

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Nés à la même époque, le Cinéma et la Bande Dessinée sont des Arts hybrides, au croisement de l’image, du texte (et du son pour le cinéma). Leur principale particularité est de proposer une narration par l’image. Ce qui les distingue, c’est le rapport au temps : un film impose au spectateur son rythme, un temps limité et bien défini. Alors que le lecteur détermine lui-même le rythme de lecture de l’œuvre. La Bande Dessinée a énormément apporté au Cinéma, tant sur le fond (des auteurs, des personnages, des univers…) que sur la forme (l’apport des comics est indiscutable pour l’évolution du cinéma animation). L’inverse se vérifie moins… Le passage du 9ème Art au 7ème Art est souvent délicat. Une chose est sure, de grandes bandes dessinées peuvent faire de grand films (le Persepolis de Satrapi en est un parfait exemple) mais aucun bon film n’a donné de bonne BD (c’est plus un produit de merchandising qu’une œuvre à part entière, merci Star Wars !)

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Jusqu’alors, la plupart des adaptations de comics ne m’ont jamais vraiment convaincu. Ce sont des films manichéens, bien gentils (voire carrément nunuche), s’adressant essentiellement à un public adolescent (X-men, Iron-man, Dardevil, Hulk, Les 4 fantastiques, ElektraLes films de super-héros sont-ils exclusivement réservé à un public jeune ou peuvent-ils aussi s’adresser à un public adulte ? Et si oui, peuvent-ils être de grands films ou seront-ils toujours cantonné au cinéma de genre ? 

Tim Burton, Sam Raimi et Guillermo Del Toro sont de véritables auteurs, possédant un univers particulier, riche. Lorsqu’ils se lancent dans une adaptation de comics, ils savent y intégrer leur « patte », leur esthétique, leurs obsessions. Les Batman de Burton, les Hellboy et le Blade 2 de Del Toro, ainsi que la trilogie de Spiderman de Raimi sont des réussites, car ces auteurs ont su transcender le matériau de base (tout en y restant fidèle) pour en faire une œuvre personnelle (et grand public, ce n’est pas incompatible). Le fait qu’ils aient travaillé en étroite collaboration avec les créateurs (Del Toro avec Mignola et Raimi avec Stan Lee) a fortement contribué à la qualité de leurs adaptations.

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Un bon roman graphique ne fait pas automatiquement un bon film. Les adaptations des œuvres d’Alan Moore en sont de parfaits exemples. La ligue des Gentlemen est une catastrophe. From Hell et V pour Vendetta sont divertissants, mais décevants comparativement aux œuvres de référence. Watchmen s’en sort mieux. C’est certainement la meilleure adaptation d’un comics de Moore. Le plus fidèlement retranscrit. Zack Snyder (qui a superbement adapté le 300 de Miller) a pris le temps d’aborder la psychologie complexe des protagonistes, d’installer l’intrigue sans la simplifier. Il n’a pas cherché à adapter le graphic novel de Moore pour tout public (ce n’est pas pour les enfants). Il n’est pas besoin non plus d’être un aficionado de l’œuvre originale pour adhérer à l’univers du film. Pour ma part, je ne l’ai pas encore lu mais j’ai vraiment apprécié le film. Des amis fans me garantissent qu’il n’y a aucune trahison, ni simplification de la part du réalisateur. Si tous les films de super-heros pouvaient être de ce calibre…

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Franck Miller a plus de chance. Ses œuvres s’adaptent parfaitement au 7ème Art. Homme d’images, ses graphic novels sont à la base plus visuels, plus cinématographiques que ceux de Moore (qui est un homme de lettres !). De plus, Miller s’investie d’avantage dans la production et la réalisation de ces adaptations, alors que Moore s’en désintéresse… Sin City ou 300 sont des réussites du genre (par contre, son adaptation du Spirit est apparemment décevante. A voir…). The Dark knight n’échappe pas à la règle. Le film de Nolan est un chef d’œuvre du genre (le casting est monstrueux !).

Globalement, l’univers de Batman se prête assez bien à une transposition cinématographique : des personnages haut en couleur et psychologiquement torturés, un univers réaliste et stylisé, pas de super pouvoirs (donc peu d’effet spéciaux)… Même si les versions de Tim Burton sont remarquables, ce Dark Knight est de loin la meilleure transposition des aventures de l’homme chauve-souris. Nolan a réalisé non pas un film fantastique (comme le sont tous les films de super-héros) mais un polar urbain, noir, très noir… Il me semble qu’avec le Sin City de Rodriguez (qui est aussi un polar hard-boiled !), ces deux films sont les plus aboutis, les plus subversifs, sans concessions, s’adressant uniquement à un public adulte (l’esthétique de Miller s’y prête à merveille). Et ils n’ont pas loupé leur cible !

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Miller et Marv…

Wauxhall, les contes inachevés de david watts – Christopher (Tête Rock Underground, 1995)

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Christopher est un dessinateur anglais installé chez nous depuis le début des années 90. Son premier ouvrage, auto-édité en 1994, s’intitule L’illustré et ouvre sa série des Contes inachevés de David Watts (qui compte maintenant 9 volumes). Série également publiée dans le fanzine Beurk.

Edité par Tête Rock Underground (la maison des Freak Brothers), Wauxhall est une compilation de L’illustré et de son deuxième album, Promenades. Depuis, Christopher est un auteur reconnu et assez prolifique.

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Les contes inachevés de David Watts nous racontent les aventures d’un rêveur qui découvre Paris, la ville des Lumières et des Arts. Ce jeune anglais doit se familiariser avec toutes les subtilités de la culture française (il est vrai que traduire au premier degré une chanson comme «une souris verte» a de quoi laisser perplexe…) On découvre avec lui un Paris magique où les arbres ont la forme de sucettes. Un Paris dans lequel on croise Heumpty Deumpty dans le métro ou Michel-Ange à la gare st Lazare… Au fil de ses pérégrinations, Watts joue aux cartes avec Alphonse Daudet et Molière, taille la bavette avec le Zouave du pont le l’Alma ou mange des blinis avec Tolstoï…

Bien évidemment, Christopher est David Watts. Il y a une part d’autobiographie dans ces récits tentés d’humour absurde. Ces tribulations surréalistes illustrent les vagabondages de l’esprit de Christopher, qui mine de rien, donne un point de vue très personnel sur les politiciens, la guerre, l’amour…

Son graphisme tout en rondeur (entre Chris Ware et Matt Groening) s’accorde parfaitement avec un noir et blanc doux, peu contrasté. Le blanc domine. C’est sensible, fin, léger, poétique…

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Les contes inachevés [ont] été réalisés d’après la méthode d’un grand magicien italien, d’un chaman esquimau, d’un fakir barbu ou alors d’un vieil alchimiste moyenâgeux. Une méthode qui hypnotise les gens et leur fait croire que tout est possible le plus naturellement du monde. Enfin, un truc d’envoûteur, de sorcier auprès duquel Christopher a dû suivre un stage intensif, tout en potassant les Monty Python. Gardez toute votre attention car le charme distillé dans ces contes continu à agir. Christopher est marabouté. Promu à une reconnaissance méritée. (Philippe Marcel en préface)

Contrairement à ce que pourraient laisser supposer le caractère « inachevé » des contes de David Watts, Christopher n’est pas un paresseux. (Jean-Paul Jennequin en préface)

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Don Quichotte de la Manche – Cervantes Saavedra (H. Laurens éditeur, 1976)

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Encore un bel ouvrage chiné chez mon libraire : Don Quichotte de la Manche de Cervantès, superbement illustré par Henry Morin. Ce livre nous propose une version abrégée de l’œuvre originale, destiné au jeune public. L. Tarsot s’est servi de la traduction de Florian pour cet abrégé. Certes, il aurait été préférable d’avoir la version définitive mais cet ouvrage vaut surtout pour les magnifiques illustrations d’ Henry Morin (1873-1961). Il fit ses études aux Beaux-arts de Paris. A partir de 1906, il se spécialisa dans l’illustration de livres pour enfants (les contes de Grimm, de Perrault, La Fontaine…). Il fut entre 1897 et 1925 l’un des principaux illustrateurs de la revue Mon Journal. Il contribua également au Petit français illustré et à La Semaine de Suzette.

Œuvre universelle, Don Quichotte est un des livres les plus répandus dans le monde (après la Bible bien sur). Il est traduit dans toutes les langues. Par contre, il semble difficilement adaptable au cinéma et de grands réalisateurs (Disney et Dali, Orson Wells ou Terry Gilliam) s’y sont cassés les dents. 

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On rit du pauvre Chevalier de la Triste Figure, mais on l’aime toujours et on l’admire parfois. Ce qu’il rêve vaut mieux que ce qu’il fait. Son malheur, c’est d’avoir conçu un idéal trop haut et trop pur, incompatible avec la platitude des réalités.Lorsque le pauvre homme sort du monde supérieur où vagabonde sa pensée généreuse, il reste étourdis par ses songes, et les bévues qu’il commet alors prêtent à rire à ceux qui sont incapables de s’élever jusqu’à lui. […] Le brave écuyer Sancho n’est pas non plus un modèle à dédaigner. Certes, il ne plane pas aussi haut que son maître. Il craint les coups (quoique sachant les rendre à l’occasion) et garde quelque soucis de ses intérêts matériels, mais quel bon cœur, quelle raison savoureuse, quel esprit naturel en sa naïveté ! Il est l’inséparable compagnon de son maître et, dans l’admiration universelle, il chemine au même rang que lui. (L.Tarsot en préface de l’ouvrage).

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Le grand philosophe Platon disait « qu’il est des rêves où il est beau de s’enchanter soi-même ». Le rêve de Don Quichotte est de ceux-là ; mieux vaut se tromper comme lui que de croupir dans l’égoïsme et la veulerie. Il est des conjonctures où faire le Don Quichotte est un devoir. (L.Tarsot)

 

MAGNUM SONG – J.C. Claeys (1981 Casterman)

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Art figuratif par excellence, la Bande Dessinée ne pouvait échapper à l’Hyperréalisme. Ce mouvement artistique des années 60-70 (lié au Pop-Art) dont le concept principal est une représentation quasi photographique du réel. Ces artistes travaillent en général à partir de projections photographiques, avec un soucis d’imitation très poussé (voir les scènes de rue de Richard Estes).

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La BD réaliste existe quasiment depuis la création du médium, surtout au USA, durant l’age d’or de l’entre-deux guerres qui regorge de classique du genre (Tarzan de Hogarth, Prince Vailant de Foster, Mandrake de Falk…). L’hyperréalisme en BD, qui parait s’inscrire dans la continuité logique de
la BD réaliste, apparaît plutôt en Europe à la fin des années 70, avec les bandes de Jean Teulé (Virus, Banlieue Sud…), les délires graphiques du groupe Bazooka ou bien entendu Jean Claude Claeys et son magnifique Magnum song.

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L’histoire : Dans les années trente, une sombre histoire qui fait d’un sénateur en mal de politique et de pouvoir, le commanditaire de l’assassinat de sa propre fille – héritière d’un joli magot légué à elle seule par sa mère – tout en tentant de faire passer son crime comme l’œuvre d’un tueur en série s’attaquant particulièrement aux rousses. Mais heureusement, le détective Jonathan Foolishburry veille :
— Je cherche une fille…
— Désolée, lourdaud : t’es pas mon type !
— Rousse, le genre femme fatale…
— Toi, t’es le genre à qui toutes les femmes sont fatales ! 

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Jean-Claude Claeys, grand amateur de polar, nous entraîne dans la plus pure tradition du hard boiled sur les traces de son détective qui prend pour l’occasion les traits de Marlon Brando. Noir et blanc de rigueur, ambiance glauque à souhait, corruption, coups tordus, violence, sexe, tous les ingrédients du genre sont présents et on croise au fil des planches une incroyable brochette des stars du cinéma hollywoodien qui ont fait les grandes heures des films noirs. Car si Brando est en bonne place, il n’est pas le seul à prêter sa plastique à cet illustrateur pointilleux ; il y a même comme une gageure à vouloir tous les reconnaître : les Robert Mitchum, Henry Fonda, Marlene Dietrich, Clint Eastwood, John Wayne, Marilyn Monroe et j’en passe… (Patrick Galmel in Pol’Art Noir).

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Cela peut paraître « facile » et peu original de dessiner d’après photo. Copier, est-ce créer ? A voir la vivacité de son trait, la beauté de ses contrastes, le dynamisme de ses planches ou la fluidité de sa narration, je me dis que JC Claeys n’est pas qu’un talentueux « copiste ». Il est un auteur de BD à part entière qui a su, esthétiquement parlant, enrichir son médium.

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http://www.jean-claude-claeys.com/

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