Cet ouvrage de Charles Brownstein, traduit par Renaud Cerqueux, est un receuil d’entretients entre ces deux monstres du 9ème Art (plus particulièrement du graphic novel) : le maître Will Eisner et son plus fidèle disciple, Frank Miller…
Je suis en train de le terminer et c’est fort intéressant car ces auteurs sont de deux générations différentes, avec une approche et des considérations différentes. Par exemple, les personnages de Miller sont individualistes, violents, très « fin de siècle ». Ceux d’Eisner sont plutôt « d’après-guerre », communautaires et solidaires face à l’adversité. Eisner travaille sur l’aspect théatral des situations. Miller est plus dans une retranscription cinématographique…
On en apprend beaucoup sur ces deux esthètes du noir et blanc. Morceaux choisis… « [...] j’ai davantage l’impression de saisir le lecteur par le revers du veston quand je travaille en noir et blanc, parce que nous sommes seuls. Cela a été une vraie leçon pour moi dans cet album de Batman (Dark Knight), d’apprendre que je ne peux laisser personne d’autre que moi lettrer mon travail. » (Frank Miller)
« Les livres en noir et blanc doivent avoir un contenu parce qu’ils sont « lus ». Par opposition à la couleur, qui est plutôt « absorbée » [rire]. Ce n’est pas un accident si « Un pacte avec Dieu » était en sépia. J’avais le choix de le faire en monochromie ou en bichromie ». (Will Eisner)
Eisner et Miller echangent, autour d’un bon verre, leurs points de vue sur divers sujets tels que le format comics, la création et ses contraintes, le noir et blanc, la censure, etc. Ils sont rarement d’accord sur un thème et c’est très enrichissant pour nous, lecteurs. C’est tout l’intérêt de ce formidable ouvrage !
Quel plus bel hommage pour Miller que d’adapter le Spirit de son ami Eisner. Adaptation réussie ? Verdict le 31 décembre…
0 commentaire à “EISNER MILLER (2007 éditions Rackham)”