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Archives pour novembre 2008

ICI MEME – Forest & Tardi (1979 Casterman)

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Encore un chef d’oeuvre indispensable, et encore une collaboration fructueuse entre deux auteurs majeurs de la Bande Dessinée.
La rencontre entre ces deux génies que sont Forest (créateur de Barbarella, d’Hypocrite…) et Tardi (Adèle Blanc-sec, Nestor Burma…) n’a pas annulé la force de leurs univers personnels. Au contraire, ils se sont complétés avec pertinence.

Créée au jour le jour pour la revue (A Suivre), l’histoire fait preuve d’une constante invention (ah, cette idée de vivre sur les murs de la propiété !), bourrée de rebondissements jusqu’au denoument totalement loufoque et surréaliste.

Arthur Même aura-t-il raison des habitants de Mornemont qui l’ont dépossédé de ses terres ? Gagnera-t-il le coeur de Julie ? Dans un décor variant avec les saisons (la partie hivernale, envahie par la neige, est impressionnante de poésie), les personnages se débattent avec leurs rêves, leurs désirs, leurs obsessions…

L’amour des mots cultivé par Forest fait merveille dans les dialogues, véritables bijoux d’humour et d’intelligence. Le trait souple de Tardi, ses cadrages rigoureux et son noir et blanc strict contrastent à merveille avec la folie de l’histoire et des personnages. Remarquable !

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WINDOWLICKER – Aphex Twin (1999 Warp)

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Génie reconnu, Richard D. James (alias Aphex Twin) oeuvre depuis toujours hors des sentiers balisés de la musique électronique. Il est bien le seul à oser s’ aventurer dans des directions « borderline », pas vraiment bonnes pour sa santé mentale, et la notre si en en abuse trop. Mais ce single s’écoute sans modérations !

Indescriptible, comme quasiment toute l’oeuvre d’Aphex Twin, windowlicker est ahurissant, sublime, démentiel, taré, génial, allumé… La liste est longue (et subjective) pour décrire ce chef d’oeuvre de l’électro. Ce morceau est à l’image de sa pochette et du clip vidéo (réalisés par un autre cinglé notoire, Chris Cunningham) à la fois attirant et repoussant, excitant et choquant. C’est avant tout une parodie du rap californien, à déguster au 3ème degré !

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HELLBOY II – Del Toro/Mignola (2008)

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Ayant beaucoup apprécié le premier, j’étais assez impatient de découvrir ce deuxième opus. J’ai de l’admiration pour l’œuvre de Del Toro , ce film ne peut pas être une bouse ! Mieux que le premier, ce sera un chef d’œuvre du fantastique ! D’où, une certaine déception en le voyant…

Oh, l’univers de la série est bien présent, le visuel est remarquable, les monstres beaux et originaux, les décors magnifiques… Mais je m’attendais à un film plus sombre que le premier, plus violent, plus flippant, moins grand public. C’est en fait un film pour tous les ages, un divertissement sorti pour Halloween. Mais heureusement Del Toro et Mignola ne prennent pas leurs spectateurs pour des cons ou des attardés.

Le scénario est bien plus subtil qu’il n’y parait, les protagonistes ne sont pas si caricaturaux que ça. Il n’y a en fait ni bons, ni mauvais dans cette histoire. Hellboy est tout aussi dangereux pour l’humanité que ne l’est le prince Nuada. Les personnages secondaires sont excellents et tout aussi importants que les principaux (mention spéciale pour l’ectoplasmique Johann Krauss et le magnifique Ange de la Mort). Abe Sapien vole même la vedette à Hellboy !

Les décors, les costumes, les lumières, les couleurs sont, comme d’habitude avec Del Toro, sublimes. Ce mec est un vrai plasticien, un peintre sur pellicule. C’est pour ça qu’on l’aime…

L’histoire entre dans la grande tradition de la Féerie ! C’était l’intention de Del Toro et Mignola, faire honneur et référence aux Légendes Nordiques et à l’Héroic Fantasy, dont ils sont les dignes héritiers (à ce propos, je vous invite à lire le superbe texte de Jérôme Anfré dans le Brazil 2 n°12). 

Ce qui gâche un peu, c’est cet humour souvent lourdingue et les relations tumultueuses du couple Hellboy et Liz qui apportent une touche de comédie sentimentale qui plombe un peu l’ambiance. … Mais bon, ça aura certainement son importance dans le 3ème volet…

J’ai eu l’occasion de le voir une deuxième fois et je l’ai mieux apprécié. C’est un vrai film de genre Merveilleux, alors que le premier est pur film Fantastique (Lovecraft en tête) ! Une fois encore, Del Toro ne me déçoit pas !

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MAIN SQUARE FESTIVAL 2008

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Belle journée en perspective. Je n’ai pas réussi à voir Radiohead à Bercy mais, séance de rattrapage, ils passent au Main Square Festival !
C’est donc avec la fine équipe, chels et arnulf, qu’on déboule sur la belle grande place d’Arras, pour une bonne journée « wock miouzique ! »
Le festival se compose d’une seule grande scène (d’où son nom) ainsi qu’une petite sur le coté (pas loin du van de Ray Cokes), sur laquelle ont rejoué Vampire Weekend et the Wombats pendant les entractes.

Ca commence donc plutôt bien avec Vampire Weekend, jeune groupe new yorkais qui a sorti un bon premier album. Ils sortent facilement du lot des nouveautés rock quasi quotidiennes, en jouant une pop-rock à l’énergie punk, légèrement new wave, très influencé par les rythmes africains (certains morceaux m’évoquent Paul Simon). Leur musique festive et enjouée est parfaite pour la scène. Leur bonne humeur et leur humour également. Une heure bien sympathique !

Ensuite, The Wombats. On n’a pas trop suivi leur prestation, pour cause de soif et de pose pipi. Cela dit, on n’a pas eu l’impression de louper quelque chose. Leur rock new wave très premier degré manque d’humour et d’originalité (comparés à vampire weekend).
On a aussi cherché un coin pour se reposer les jambes mais la grande place devient de plus en plus petite… Ca se rempli à vue d’œil…
S’en suit The Do. J’aime pas trop leur disque et bien que leur prestation était plutôt bonne (belles vocalises de la chanteuse), j’avais hâte qu’ils en finissent. Dur de passer juste avant Sigur Ros et Radiohead…

Le Main Square Festival est beaucoup moins confortable que le Rock en Seine. Les pavés ne remplacent pas une bonne pelouse. A partir de The Do, on s’est enchaîner au moins 5 heures d’affilé sans pouvoir s’asseoir, et encore moins étendre nos jambes. Dur ! On a plus 20 ans… M’enfin, on s’en moquait, car même si on en avait plein les bottes, on s’en est pris plein les ouies et les mirettes !

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Ah ! Sigur Ros ! Je les apprécie depuis leur premier album, qui a collé une claque à tous les amateurs de noisy-rock-planant. Un univers musical original, riche, contrasté.
Très classieux, ils arrivent sur scène avec des tenues plutôt « glam-chic-baroque ». Ils commencent avec le superbe « svefn-g-englar » le premier morceau du premier album. Le ton est donné !

Le chanteur guitariste joue avec un archer sur quasiment tous les morceaux. Et ce n’est pas un effet de scène, mais bien un instrument à part entière, qui créé ces grandes envolées graves, un son de réacteur sonic ! Et quelle voix ! Jón Þór Birgisson est un chanteur lyrique, maîtrisant à merveille ses vocalises de fausset. Il chante parfois le micro sur le front, ou à travers le micro de sa guitare… La session rythmique est impressionnante, un groove constant, marchant au ralenti mais percutant ! Le clavier-choriste (au look très IIIème république) contribue à cette dimension lyrique, harmonique.

Une prestation orchestrale, grâce à la présence d’un quatuor de violons et d’un brass-band. Ce qui transforme ce concert atmosphérique en une fanfare de type « Big Bazar ». Au moins 12 sur scène ! Assez déroutant par rapport à ce qu’on connaît de leurs premiers albums. Déroutant mais génial ! Cela apporte beaucoup de chaleur et de fantaisie. Leur set-list, 8 morceaux de 8-10 minutes en moyenne :
01 svefn-g-englar
02 sæglópur
03 við spilum endalaust
04 hoppípolla/með blóðnasir
05 inní mér syngur vitleysingur
06 hafsól
07 gobbledigook
08 popplagið

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Un superbe concert. Et en attendant Radiohead, je me dis qu’ils vont devoir faire très fort, tant Sigur Ros a placé la barre très haut ! Ils ont du se dire la même chose…
Ils arrivent sur scène tranquillement, Thom Yorke semble décontracté, souriant. D’entrée, ils nous collent la claque avec 15 Steps. Une claque qui durera 2h10 (de 22h à 00h10) !

01. 15 steps
Un petit « Bonsoir »
02. Airbag
03. There there
04. All I need
05. Where I End And You Begin
06. A wolf at the door
07. Nude
08. Pyramid song
09. Weird fishes / Arpeggi
10. Climbing up the walls
11. The Gloaming
12. Faust Arp (Jonny et thom solo : 2 faux départs et explosent de rire)
13. No surprises
« Vous êtes prêts ? »
14. Jigsaw falling into place
15. Reckoner
16. Exit music
Quelqu’un a gueulé au début de la chanson. Thom lui a expliqué qu’il ne l’entendait pas puis il lui a demandé de la fermer « Please shut up now ! »
17. Bodysnatchers
1er rappel :
18. Cymbal rush
19. Videotape
Thom dédicace la chanson aux gens qui regardent des fenêtres.
« Désolé pour le bruit, on peut venir boire un verre ? J’ai besoin d’un verre ! »
20. Paranoïd android
21. Dollars and cents
22. Idioteque
2nd rappel :
23. House of cards
24. The national anthem
25. Street spirit

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Le son est nickel, pas un instrument sur ou sous mixé. Les voix d’ Ed et de Thom sont impeccables, magnifiques. Pas une fausse note ! Thom est en grande forme. Alors qu’il peut lui arriver parfois de chanter « pas très juste » (comme en 2006 à St Cloud où il devait être fatigué), il nous sert ici une prestation époustouflante. Il fait ce qu’il veut, quand il veut, avec sa voix.

Mais là où il nous a sidéré, c’est par la qualité de son jeu de guitare. Sur presque tous les morceaux (à part quelques uns au piano) il a fait preuve d’une efficacité redoutable. Du coup, Jonny Greenwood n’a que peu pris sa guitare. Il est la plupart du temps courbé sur ses claviers et ses consoles. Il semble un peu en retrait mais il est bien présent. Tout l’habillage sonore de Radiohead, c’est bien lui !
Ed O’Brian est égal à lui-même, concentré, virtuose des ambiances noïsy, formidable seconde voix. Complément indispensable de Thom. Phil Selway, la colonne vertébrale du groupe, est plus subtil, « jazzy », de moins en moins « boite à rythme ». Colin Greenwood est de plus en plus en avant, dansant, sautant. Ses lignes de basse sont d’un équilibre parfait entre rythmique et mélodie. Bref, ils sont tous excellents, on les sent tous bien, impliqués à 200%, heureux d’être là.

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Le choix des morceaux est formidable ! Outre l’intégrale de « In Rainbows », ils ont joué certains que je n’aurai même pas espérer entendre ce soir : « Where I end and you begin », « A wolf at the door », « Clinbing up the walls », un morceau de Thom Torke « Cymbal rush » ou « Street spirit » !
J’ai eu à plusieurs moments l’impression qu’ils ne jouaient que pour moi !
Le visuel est superbe également, avec ces rideaux de néons plastiques sur lesquels sont projetés des images et des jeux de lumières. Un effet moderne et cheap.

Ce fut un concert intense, subtil, puissant… C’est vraiment le groupe parfait sur scène, toujours sur le fil, fort et fragile !
Encore un bon festival, à l’ organisation et la programmation de qualité ! A suivre…

Merci Google pour les photos…

Charlie Hebdo Vs Siné Hebdo

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Après l’interdiction de l’hebdo Hara-kiri en 1970 (suite à la une du 16 novembre sur la mort du général De Gaulle) tous les membres de l’équipe (Choron, Cavanna, Gébé, Cabu, Reiser, Delfeil de Ton, Willem, Wolinski…) ont décidé de continuer, en changeant juste de nom : Charlie Hebdo est né. Le premier numéro est sorti le 23 novembre 1970 et à leur grande surprise, aucune réaction des censeurs… de droite. Car bien entendu, toute la rédaction est plutôt orientée politiquement à gauche, voire à l’extrême-gauche (il y a même des anarchistes, des bouffeurs de curé, des anti-militaristes, tels que Siné, Reiser ou Gébé).

On peut reprocher à l’équipe de Charlie de constamment chercher la provocation, d’appuyer toujours là ou ça fait mal (je pense à l’affaire des caricatures). C’est justement pour cela qu’on les apprécie (ou non), pour leur prises de positions tranchées, sans concessions, mais toujours dans le but de défendre les libertés individuelles, la Laïcité, la Démocratie…(ce qui, dans le contexte actuel, fait plutôt du bien). Mais aussi lorsqu’ils assument leurs contradictions : la rédaction du journal était divisé à propos du référendum sur l’Europe et tout le monde à pu s’exprimer.
Il n’y a pas de pensée unique à Charlie.
Dans une démocratie telle que la France, un journal de ce type est indispensable !

C’est pourquoi, je trouve cette histoire plutôt navrante. Sans prendre parti pour Siné ou Val, je trouve dommageable qu’une histoire de censure et de mise à pied intervienne au sein de ce journal qui a toujours prôné la liberté d’expression et la diversité (voire la contradiction) des points de vue…
Siné antisémite ? Je ne crois pas. Provocateur, dénonciateur des hypocrisies politiciennes et athée jusqu’à la moelle… Oui, assurément ! Val serait devenu faux-cul face aux Sarkozy, il craignerait un nouveau procès contre Charlie ? Je ne pense pas ! Qu’il soit très sensible et engagé dans la lutte contre l’antisémitisme, oui !
Les propos de Siné sont-ils antisémites ? Philippe Val a-t-il bien fait de licencier Siné ? Ce dernier aurait-il dû présenter ses excuses ? Difficile de donner des réponses claires et tranchées… Il est certain qu’il nous manque des éléments pour pouvoir en juger. Même si je pense vraiment que Siné est accusé à tord d’antisémitisme…
Mais toute cette affaire me chagrine… Il y a quelque chose de pas normal. Jusqu’alors, la censure est employée par les autorités, interpellés par divers groupes ou lobbys (souvent religieux) qui intentent un procès… Ici, la sanction contre Siné est donnée uniquement par le directeur de la publication du journal. Un cas d’autocensure éditorial évident. Ca sent le règlement de compte… Merde les gars, non ! Pas à Charlie !

Sur le coup, je me disais : sale temps pour la liberté d’expression ! Puis, aux vues du soutient dont on lui a fait preuve, Siné a lancé son hebdo. Pour faire la nique à Charlie (et Val) certes, mais surtout pour continuer à semer sa zone. Il fait, bien évidemment, souvent allusion à l’affaire (un peu trop des fois) mais globalement, la rédaction s’attèle à d’autres combats. Il y en a ! Et quelle rédaction : Berroyer, Delfeil de Ton, Michel Onfray, Guy Bedos, Noel Godin, Gudule… L’équipe des dessinateurs est pas mal non plus : Remi, Loup, Carali, Lindingre, Barros, Berth, Tardi, Geluck… Dans sa forme, Siné Hebdo ressemble à Charlie Hebdo (presque même format, même prix) mais  la maquette est bien différente…

Quelques mois après les faits, la morale de cette histoire est que nous avons maintenant deux hebdos satiriques au lieu de d’un (en fait on en a trois, n’oublions pas le Canard Enchainé). La liberté d’expression ne s’en porte pas plus mal… Depuis, j’achète les deux…

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http://www.charliehebdo.fr/

http://www.blog-sine.com/blog/

Le match hebdomadaire sur l’excellent site Caricaturesetcaricature

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