A mi-chemin entre documentaire et fiction, « Entre les murs » n’est pas une critique du système scolaire, comme peut l’être le « ça commence aujourd’hui » de Tavernier. Ni trop idéaliste, ni trop dramatique, le réalisateur a trouvé le ton juste, sans jugement de valeurs, grâce à cette camera qui colle au plus prêt des personnages. Le « héros » principal de l’histoire, c’est la classe de 4ème, composé d’un prof de français et de ses élèves.
On suit donc le déroulement d’une année scolaire, avec son lot de conseils de classes, de contrôle, de réunions parents-professeurs, de conseils de discipline…
Ce film fait état de l’incommunicabilité entre le monde des ados et celui des adultes, du rôle essentiel du langage, qui est au cœur du film (et du système éducatif) : outil principal du prof (de français de surcroît), joutes verbales… Problème d’interprétation des mots, de sens entre le signifiant et le signifié… Il y a un décalage inévitable entre le langage « oral » des élèves et celui « littéraire » des profs. Cette différence sera toujours source de tentions et d’incompréhension. Car les jeunes doivent faire l’effort de se mettre au niveau du langage des profs, alors que ces derniers ne peuvent se mettre à celui des élèves. Ce n’est pas compatible avec le sens de leur mission. Mais il y a fort heureusement de la transmission et des échanges, même si les deux parties n’en ont pas toujours conscience… Certaines réactions de professeurs peuvent paraitre naïves ou caricaturales, quand par exemple le prof de techno pète les plombs en salle des profs, mais, pour l’avoir vécu, ces réactions sont justes. Le film ne raconte pas l’histoire d’un « super-prof » qui comprendrait tout des jeunes et arrangerait toutes les situations. Non, on voit ici des éducateurs qui doivent composer avec leurs doutes, leurs incertitudes, leurs incompréhensions face à des adolescents tout aussi peu sûr d’eux-mêmes…
Entre les murs est un film sensible, attachant, au ton juste.
Les acteurs-personnages jouent avec sincérité et dégagent une réelle sympathie. Beau film !
François (Marin) Begaudeau et ses élèves
Je viens de voir le film et moi je vais le copier ton article héhé.
Biz l’ami.
Pas de soucis l’ami, tu peux le copier !