Il est des Bandes Dessinées qui deviennent cultes au bout d’un certain temps et d’autres, immédiatement dès leur parution. Arzach fait assurément parti de cette deuxième catégorie… Publiées dès 1975 dans feu Métal Hurlant, les premières planches d’Arzach eurent l’effet d’une bombe, explosant les codes narratifs et esthétiques de la bédé aux yeux des lecteurs… Révolutionnaire, cette œuvre a indubitablement permis d’amener la Bande Dessinée à une forme de maturité (le fameux « âge adulte »). Elle est une des pierres angulaires qui ont élevé la Bande Dessinée au rang d’Art majeur.
Arzach est une succession de cinq nouvelles absurdes, sans queue ni tête et sans lien apparent entre elles. Si ce n’est ce personnage (et sa fidèle monture volante), chevalier des temps futurs (ou passés, on ne peut le dire) qui change de nom au fil de ses aventures (Arzach, Harzak, Arzak, Harzakc et Arrzak …)
Plastiquement magnifiques, Moebius (alias Jean Giraud) a composé certaines planches comme des tableaux à part entière, ayant sa structure propre, se suffisant à lui-même. Certaines pages sont de véritables enluminures… Dessinateur caméléon, il aborde chaque histoire avec un style (du plus pointilliste au plus épuré), une mise en page et une palette différents. Ses couleurs sont remarquables. J’ai surtout une préférence pour la première histoire dans laquelle ses gammes de bleus-nuits contrastent admirablement avec ses ocres-rouges…
Pour nous, lecteur(trice)s, découvrir cette œuvre est une expérience onirique, une plongée dans un rêve éveillé. Pour Moebius, la créer fut une expérience quasi mystique. Il explique dans la préface : « Arzach fut une sorte de passage à l’acte, une plongée dans des mondes étranges, au-delà du visible. Pour autant, il ne s’agissait pas de produire une histoire bizarre de plus, mais de révéler quelque chose de très personnel, de l’ordre de la sensation. J’avais comme projet d’exprimer le niveau le plus profond de la conscience, à la frange de l’inconscient. Cette histoire fourmille donc d’éléments oniriques. Lorsqu’on s’engage dans ce type de travail, les vannes de l’esprit s’ouvrent soudain, laissant apparaitre les formes, les images, les archétypes que l’on porte en soi ».
Cette réédition de 2000 (et 2006) nous propose les cinq histoires sans paroles qui composent l’œuvre originale, plus une autre, dessinée en 1987. Avec cette sixième aventure, « parlante » cette fois ci, Moebius semble boucler un cycle…
Arzach peut entrer au Panthéon des œuvres incontournables de la Bande Dessinée européenne (et même mondiale, aux vues de l’influence qu’elle a pu avoir chez les américains ou les japonais). Et Moebius de devenir ce maitre intouchable…
j ai un ami de longue date, qui avait dessiné, cet arzach; son dessin, tronait chez lui tel un objet de devotion, une sorte de culte a l imaginaire, au fantastique….
sur ce, welcome on the blogosphere
et je l’ai toujours !!!
merci camarade ! heureux de te rejoindre dans ce monde merveilleux !