Dire de cette biographie qu’elle est définitive m’embête. Cela voudrait dire que Radiohead est fini. J’espère qu’ils ont encore des choses à nous dire…
Matthieu Thibault nous fournit un travail remarquable. Ce livre se bouffe d’une traite. Ok, quand on aime, on ne compte pas les pages (plus de 400). Et si cette bio nous raconte la genèse du groupe, l’histoire de ces cinq gars, avec moult anecdotes et petites histoires qu’on aurait bien aimé vivre avec eux, elle vaut surtout et essentiellement pour sa précision quasi chirurgicale.
Chaque album est décortiqué dans les moindres détails. Le contexte bien sûr (les lieux et dates, les relations entre les gars, le mood du moment, l’importance de Nigel et Stanley…), mais surtout le modus operandi. Le choix des effets, des pédales, des consoles, des synthés, des overdubs… Un ouvrage érudit, qui parle autant aux spécialistes de la production qu’aux amateurs de bonne musique. Même si on ne s’y connait pas trop en technique de studio, on comprend ce qui se passe.
La sobriété de l’ouvrage (grande qualité des éditions Le mot et le reste) correspond parfaitement. Radiohead est un groupe singulier, simple, qui malgré les apparences est d’une limpidité remarquable. Tant dans leur progression artistique, leurs prises de positions politiques (face à l’industrie du disque par exemple) que leurs choix esthétiques. Les p’tits gars d’Oxford nous ont proposé une suite d’albums allant crescendo dans la prise de risque et pourtant cohérents. Partant d’un post-grunge pour aboutir à une Pop free-jazz, en passant par l’électro Warp et le Krautrock façon Neu…
On apprend plein de choses. Sur l’importance du Live comme terrain d’expérimentations et d’essais. Le processus créatif du groupe qui, très prolifique, garde en réserve des morceaux dont ils sentent qu’ils ont du potentiel, mais pas assez au point pour apparaitre dans la set-list de l’album. Ce qui explique cette incroyable discographie parallèle.
Thom, Ed, Phil, Colin et Johnny se sont rencontrés avant tout pour faire de la musique. Ils n’ont pas le même âge, n’étaient pas dans les mêmes classes ni dans les mêmes universités, mais ils se retrouvaient, à Oxford, toujours et encore pour faire de la musique ensemble. Si chacun apporte sa contribution, c’est bien le binôme Thom-Johnny qui compose la grande majorité des titres.
Ce que je garde de cette lecture, qui me rassure en tant que fan et confirme mon intuition depuis toujours, c’est que les gars font de la musique ensemble parce qu’ils en ont envie. Uniquement l’envie. C’est leur moteur. Entre chaque album, chaque collaboration ou projet personnel (du premier album solo de Thom à The Smile), le groupe est en stand-by, ou pas, parce qu’ils le décident tous. Et c’est comme ça depuis leurs débuts. Y’a pas de raison que ça s’arrête…
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