Radiohead – Matthieu Thibault (Le mot et le reste, 2024)

radiohead

Dire de cette biographie qu’elle est définitive m’embête. Cela voudrait dire que Radiohead est fini. J’espère qu’ils ont encore des choses à nous dire…

Matthieu Thibault nous fournit un travail remarquable. Ce livre se bouffe d’une traite. Ok, quand on aime, on ne compte pas les pages (plus de 400). Et si cette bio nous raconte la genèse du groupe, l’histoire de ces cinq gars, avec moult anecdotes et petites histoires qu’on aurait bien aimé vivre avec eux, elle vaut surtout et essentiellement pour sa précision quasi chirurgicale.

Chaque album est décortiqué dans les moindres détails. Le contexte bien sûr (les lieux et dates, les relations entre les gars, le mood du moment, l’importance de Nigel et Stanley…), mais surtout le modus operandi. Le choix des effets, des pédales, des consoles, des synthés, des overdubs… Un ouvrage érudit, qui parle autant aux spécialistes de la production qu’aux amateurs de bonne musique.  Même si on ne s’y connait pas trop en technique de studio, on comprend ce qui se passe.

La sobriété de l’ouvrage (grande qualité des éditions Le mot et le reste) correspond parfaitement. Radiohead est un groupe singulier, simple, qui malgré les apparences est d’une limpidité remarquable. Tant dans leur progression artistique, leurs prises de positions politiques (face à l’industrie du disque par exemple) que leurs choix esthétiques. Les p’tits gars d’Oxford nous ont proposé une suite d’albums allant crescendo dans la prise de risque et pourtant cohérents. Partant d’un post-grunge pour aboutir à une Pop free-jazz, en passant par l’électro Warp et le Krautrock façon Neu…

On apprend plein de choses. Sur l’importance du Live comme terrain d’expérimentations et d’essais. Le processus créatif du groupe qui, très prolifique, garde en réserve des morceaux dont ils sentent qu’ils ont du potentiel, mais pas assez au point pour apparaitre dans la set-list de l’album. Ce qui explique cette incroyable discographie parallèle.

Thom, Ed, Phil, Colin et Johnny se sont rencontrés avant tout pour faire de la musique. Ils n’ont pas le même âge, n’étaient pas dans les mêmes classes ni dans les mêmes universités, mais ils se retrouvaient, à Oxford, toujours et encore pour faire de la musique ensemble. Si chacun apporte sa contribution, c’est bien le binôme Thom-Johnny qui compose la grande majorité des titres.

Ce que je garde de cette lecture, qui me rassure en tant que fan et confirme mon intuition depuis toujours, c’est que les gars font de la musique ensemble parce qu’ils en ont envie. Uniquement l’envie. C’est leur moteur. Entre chaque album, chaque collaboration ou projet personnel (du premier album solo de Thom à The Smile), le groupe est en stand-by, ou pas, parce qu’ils le décident tous. Et c’est comme ça depuis leurs débuts. Y’a pas de raison que ça s’arrête…

Voilà, Voilà – Rachid Taha (Barclay, 1993)

Image de prévisualisation YouTube
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, sur la douce France
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, ils avancent
La leçon n’a pas suffi
Faut dire qu’à la mémoire, on a choisi l’oubli
Partout, partout, les discours sont les mêmes
Étranger, tu es la cause de nos problèmes
Moi, je croyais qu’c'était fini
Mais non, mais non, ce n’était qu’un répit
Moi, je croyais qu’c'était fini, mais
Mais non, mais non, ce n’était qu’un répit
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, sur la douce France
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, ils avancent
Voilà, voilà
La leçon n’a pas suffi
Faut dire qu’à la mémoire, on a choisi l’oubli
Dehors, dehors, les étrangers
C’est le remède des hommes civilisés
Prenons garde, ils prospèrent
Pendant que l’on regarde ailleurs
Prenons garde, ils prospèrent
Pendant que l’on regarde ailleurs
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, sur la douce France
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, ils avancent…

 

Anthologie Imagex (The Hoochie Coochie, 2023)

images Antho

Maël Rannou l’avait annoncé il y a quelques années et ça y est, l’Anthologie d’Imagex est enfin sortie. Pas loin de dix années auront été nécessaires, entre l’intention initiale et le produit fini. Un vrai travail de fourmi pour retrouver les planches originales et remettre en valeur celles disparues. Car au fil de temps, et aux vues de sa production disparate, Imagex n’a pu tout conserver. D’où la gageure de pouvoir tenir entre nos main cette Anthologie.

Je ne vais pas bouder mon plaisir et cacher ma fierté d’avoir contribué au retour d’Imagex. Grâce à cet article de Mauvais Rêve, publié en 2008 - auquel Daniel Hochard lui-même avait réagi et de fait, donné de ses nouvelles. Je reste impressionné par les divers retours de tous ces passionnés, qui comme moi ont été marqués au fer rouge par les bandes d’Imagex.

Le travail des éditions The Hoochie Coochie est remarquable. Un grand format idéal et une qualité d’impression qui permet de savourer les moindres détails. Une immersion totale. De son propre aveu, Mael a estimé ne pas avoir les moyens de proposer l’écrin susceptible de mettre en valeur l’œuvre d’imagex. Ce qui, aux regards de ses indéniables qualités graphiques, aurait été dommage.

Si je connais par cœur son Mauvais rêves, j’avoue découvrir enfin son Colonie de vacanse, que je n’ai pas encore eu le plaisir de chiner en format X de Futuropolis. Il est des chefs d’œuvres que l’on connait de référence depuis toujours… Je prends enfin ma revanche, et ma grosse claque. Quelle histoire de dingue, et pour autant parfaitement cohérente.  Et quelle esthétique de malade, avec ces volumes gris qui sculptent cette matière charnelle. Ce traitement des formes qui flirte avec l’expressionnisme, contrastant parfaitement avec ces figures enfantines.

Ce qui contribue à la puissance de l’œuvre d’Imagex, c’est cette faculté à aborder des thèmes graves et insupportables (enfance et violence) avec une aisance et une légèreté déconcertante. Son humour ne sert pas à désamorcer le malaise des situations décrites, il en est le catalyseur, voire même le détonateur.

Outre ces deux albums, cette anthologie concentre absolument tout ce qu’a pu produire Imagex durant sa fulgurante carrière : des récits cours et des illustrations pour les revues Viper, Actuel ou (A Suivre)… 40 ans plus tard, l’œuvre d’Imagex est toujours aussi pertinente et percutante. Car les souffrances infligées aux enfants restent, malheureusement, encore à dénoncer… sans complaisance. C’est toute la force d’Imagex.

images imagex

Harlem River – Kevin Morby (Woodsist, 2013)

Kevin-Morby-Harlem-River

Tout comme pour Connan Mockasin, je me rappelle avoir découvert Harlem River de Kevin Morby au moment de sa sortie en 2013. J’ai bien aimé le morceau (quoique un peu long) mais pas apprécié le reste de ce premier album au titre éponyme. Trop « américain-country » à mon goût. Etant depuis passé à autre chose, c’est en voyant la programmation du Rush festival de Rouen de cette année que Kevin Morby s’est rappelé à mon bon souvenir. L’opportunité d’aller voir un bon auteur-compositeur-interprète indépendant se faisant rare, je me jette sur l’occasion et redécouvre un artiste pour le moins prolixe, qui depuis son premier opus a enchainé les albums à un rythme soutenu. Ses deux derniers en date sont de très bons crus et nous démontre que le garçon évolue sans se répéter ou chercher à reproduire la magie des débuts.

Car oui, Harlem River est un album magique, habité, dont l’orchestration dégage un léger parfum de sorcellerie cajun. Le morceau phare Harlem River n’est qu’une longue transe qui nous ballotte au gré des courants de cette rivière mystique. Un shuffle constant qui borde la sinuosité de la rythmique, une basse qui joue à champ/hors-champ, une guitare souvent présente de par son absence. Et ce chant tout en contraste clair-obscur, tantôt retenu, tantôt lâché… Une déclaration d’amour et d’envoutement au détroit de New-York… If You Leave, And If You Marry est une folksong remarquable (avec picking acoustique et chant enlevé), référencée, mais pour autant très originale. On se dit que le garçon a vraiment du talent. Il revisite plus qu’il ne renouvelle un genre pourtant très balisé.

« Americana » est le maitre mot de ce coup d’essai. Morby révise son folklore US et convoque les figures tutélaires de Bob Dylan et Neil Young. Mais malgré ces références évidentes, Morby possède une vraie personnalité et un sens de la composition remarquable. Tout en respectant le format imposé de la chanson, il sait y injecter une modernité par l’emploi de figures répétitives, d’ambiances minimalistes et de ruptures de rythmes qui nous fait dire que cet album et bien de notre temps. Rien de passéiste ou de poseur chez Morby, mais une vraie authenticité et un amour inconditionnel pour la musique Folk…

Avec ses deux derniers albums, This is a Photograph et More Photographs (A Continuum), Morby lorgne vers les figures du blues et gratte même jusqu’à l’os du Gospel. Ouvrant son album de famille, Kevin nous parle de son père, sa mère, sa sœur, son enfance… Il s’en dégage une vraie proximité affective, inscrivant ses chansons  dans une réalité géographique précise (Bettersweet Tennessee, Mississipi, Memphis…) et cite des références qui nous parlent : Jeff Buckley, River Phoenix ou Tina Turner…  Et malgré la mélancolie qui se dégage de ses textes (goodbye the good times, kingdom of broken hearts…), les mélodies sont toujours paisibles, les arrangements chaleureux (violon, pedal steel…). Le contraste entre cette impression de minimalisme des mélodies et la richesse harmonique des arrangements est saisissant et m’évoque la démarche des canadiens de Timber Timbre sur leur Hot Dreams.

Voir Kevin Morby sur scène avec ses musiciens (tous accomplis et heureux d’être là) m’a permis de prendre la pleine mesure du talent du garçon. Une orchestration riche et variée (deux guitares, basse, batterie, clavier, violon et voie féminine, flute traversière et saxo…) qui met admirablement en valeur ses compositions. Et cette voix médium ! Posée, « facile », qui peut s’aventurer dans un large spectre de tessitures, sans jamais tomber dans les extrêmes. Morby devrait être prescris, tant il met du baume sur les bleus de l’âme…

kevin morby 106

Rush festival – 106

Jassbusters (Mexican Summer, 2018)

jass

Je me rappelle ne pas avoir accrocher au désormais culte Forever Dolphin Love de Connan Mockasin lors de sa sortie en 2010, trop psychédélique et bordélique. Mais depuis, j’ai croisé la route d’Ariel Pink…

Ce qui m’a fait plonger dans l’univers très particulier de ce néozélandais (qui a biberonné à Hendrix et a fabriqué lui-même sa première guitare), c’est son projet Jassbusters de 2018. Un pur chef d’œuvre.

On y trouve du blues, de la soul, du funk, de la pop, un soupçon de Jazz. Des accords dissonants, des harmoniques improbables, de subtiles mélodies, un groove de dingue, une voix de tête toujours sur le fil… Mais surtout, une âme.

Cette suite de chansons cache un album concept, possédant plusieurs niveaux d’écoute. D’une incroyable richesse, on peut être parfois déboussolé puis l’instant d’après, trouver des balises qui nous appellent, des ambiances qui nous sont familières. Un ensemble abstrait, en ce sens où les figures se dérobent chaque fois que l’on croit les cerner. Cet aspect minimalisme (je m’en foutiste ?) disparait sous la complexité des arrangements.

Un méta-album, qui semble se créer au moment où on l’écoute. Ce disque dégage une impression d’instantanéité hallucinante. Et on en redécouvre à chaque fois. Partant d’un projet de court métrage mettant en scène un apprenti musicien qui rencontre son mentor, l’album est jalonné de brefs dialogues, de bruitages, voire de didascalies, qui racontent une histoire et servent de fil conducteur…

Mockasin et ses acolytes ont sorti un deuxième volet de leurs aventures Jassbusters en 2021, qui tend à prolonger la magie…

jassbusters-two

12345...113

Visiteurs

Il y a 1 visiteur en ligne

Expo

Expo

Du beau, du bon, des bds…

Du beau, du bon, des bds…

Mag’ & revues disponibles…

Mag’ & revues disponibles…

Archives


DuffDes!gn |
Le peuple des couleurs |
ateliers enfants |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | axecreations
| ART'S DATING - DJO CAFÉ-ARTS -
| Electivo Fotografía